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L’échec du « Green Deal » européen est un avertissement pour tous les décideurs politiques…

Le Parlement européen a rejeté le projet de loi sur l’utilisation durable des pesticides, qui constituait la pierre angulaire du « Green Deal » européen et de la stratégie « Farm to Fork ».

En 2020, l’Union européenne a prévu une réforme fondamentale du secteur agricole de l’Union, en réduisant l’utilisation des pesticides et des engrais et en encourageant l’agriculture biologique. Bien que certaines propositions restent d’actualité, les législateurs sont pratiquement revenus sur leurs positions d’il y a trois ans, et il y a de bonnes raisons à cela.

Lorsque l’UE a dévoilé ses projets de réforme, le COVID en était à sa phase initiale, on pensait qu’il avait été vaincu par des blocages rigoureux, et l’Ukraine n’avait pas encore été envahie par la Russie. Les taux d’intérêt étaient presque négatifs et, depuis la chambre d’écho qu’est l’exécutif européen, il semblait opportun de bouleverser l’ensemble du système alimentaire et agricole.

Après une première réaction politique plutôt molle, les commissaires de l’UE ont persisté. C’est pour le bien de l’environnement, ont-ils dit. Toutefois, il est rapidement apparu que ces projets allaient coûter très cher : selon l’USDA, ils s’accompagneraient d’une baisse de la production agricole comprise entre 7% et 12% et auraient un impact significatif sur le PIB global du continent. Pourtant, la Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, a persisté : les pesticides chimiques, même s’ils sont approuvés par le régulateur indépendant, doivent être réduits.

Des fissures ont commencé à apparaître dans la sincérité de l’exécutif de l’UE lorsque le président Macron, puis d’autres chefs d’Etat européens, ont commencé à douter de la possibilité de mettre en oeuvre ces règles. Les représentants des agriculteurs avaient indiqué qu’ils rejetaient les objectifs des stratégies de l’UE.

Les élections provinciales néerlandaises, qui ont vu la victoire d’un parti agricole ayant fait campagne contre la politique gouvernementale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément à la législation de l’UE, ont marqué le début de la fin. Le BoerBurgerBeweging (BBB), également connu sous le nom de Mouvement des agriculteurs-citoyens, a remporté une victoire importante lors des élections provinciales aux Pays-Bas. Avec un nombre impressionnant de 15 sièges sur 75 au Sénat, il occupe désormais la position du parti le plus influent au sein de la chambre haute du pays. Le BBB a été créé en 2019, mais il a bénéficié d’un large soutien à la suite de la décision du gouvernement de réduire les émissions d’azote, en fermant environ un tiers des exploitations agricoles néerlandaises.

Les protestations des agriculteurs aux Pays-Bas ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la boîte de Pandore que l’UE a ouverte en s’immisçant dans le système agricole européen.

La vision utopique et déformée de l’agriculture véhiculée par l’environnement se heurte aux besoins réels des consommateurs. En fait, la solution européenne consistant à développer l’agriculture bio va à l’encontre de l’objectif de réduction des émissions de dioxyde de carbone. Les émissions de CO2 augmenteront de 70% si l’agriculture biologique devient la norme, comme l’ont montré des chercheurs britanniques. La raison en est simple : l’agriculture biologique a besoin de plus de ressources et de plus de terres agricoles pour obtenir le même rendement. Les aliments biologiques sont donc non seulement moins bons pour l’environnement, mais aussi plus chers pour les consommateurs.

Il s’est avéré que la réduction des terres agricoles européennes, tout en privant les agriculteurs du droit de prévenir adéquatement la propagation des parasites, n’a pas été bien accueillie par les électeurs. Dès lors, le Parti populaire européen (PPE), le plus grand parti du Parlement européen – qui devrait rester en place après les prochaines élections –, s’est autoproclamé parti de l’agriculteur, a démoli pièce après pièce le « Green Deal » européen. Nombre de ses composantes restantes ne seront probablement pas soumises au vote avant les élections européennes de juin.

D’ailleurs, Frans Timmermans, l’architecte néerlandais du « Green Deal » européen, a déjà quitté son poste pour tenter de devenir Premier ministre dans son pays, un pari qui ne s’est pas encore concrétisé à l’issue des récentes élections.

En l’espace de trois ans seulement, l’Union européenne est passée de l’affirmation qu’elle était sur le point de réaliser une réforme sans précédent en matière de changement climatique à la mise à mort de ses propres ambitions.

Cet échec du « Green Deal » européen est un avertissement pour tous les décideurs politiques. Repenser l’agriculture et l’environnement exige une approche équilibrée qui intègre les préoccupations des agriculteurs, garantit une communication transparente et s’adapte aux réalités changeantes. Le succès futur des initiatives environnementales dépend de la capacité des politiciens à forger des consensus solides, respectant les diverses perspectives et assurant la viabilité à long terme des politiques adoptées.

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