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La Commission européenne a encore une fois prolongé la dérogation à la réglementation des créneaux horaires. Applaudie comme étant une aide au secteur, cette dérogation garantit encore une fois l’avantage aux entreprises établies leur permettant de contourner la concurrence. Comment est-ce que le secteur aérien peut s’améliorer si à chaque crise nous dépensons l’argent du contribuable pour le sauver.

Le secteur aérien distribue une partie des créneaux horaires commes des réservations de route. Ceci s’applique de façon générale aux aéroports les plus utilisés. Par exemple, la compagnie X réserve un aller-retour depuis un aéroport et sera contrainte par cette réservation. Cela veut dire que l’avion devra partir, même s’il n’y a pas de passagers, afin de garantir la place de la compagnie sur ce créneau horaire. Ceci provoque ce qu’on a nommé des “ghost flights” (vols fantômes), où les compagnies envoient des avions vides afin de ne pas perdre leur place. Cette réglementation avait été créée afin d’éviter une concentration dans le secteur aérien. A titre d’exemple, une compagnie pourrait réserver tous les créneaux disponibles dans un aéroport spécifique (si elle a le cashflow nécessaire), afin d’empêcher toute concurrence.

Au début de la crise du COVID-19, la Commission européenne avait décidé d’une dérogation à cette réglementation. A court terme, ceci fût une bonne décision. Par contre, une nouvelle extension de la dérogation est un non-sens, car la concurrence, même si amoindrie par la pandémie, existe tout de même. Les créneaux horaires des aéroports sont rares, et c’est pourquoi ils sont si précieux et doivent être utilisés de la manière la plus efficace possible. Bien que conçue  par de nobles objectifs, la politique de la Commission implique que les compagnies aériennes sont les seules propriétaires des créneaux horaires.

La dérogation actuelle à l’obligation de voler n’expirera qu’en mars 2021. De nombreuses associations ont demandé à la Commission de prolonger la dérogation “pour éviter que des avions vides ne volent” ainsi qu’afin que  “les vols soient effectués de la manière la plus optimale possible pour éviter de la pollution inutile”. Toutefois, la prolongation créerait une situation dans laquelle les plus grandes compagnies aériennes auraient la possibilité de monopoliser les créneaux horaires, rendant impossible l’entrée des plus petites. Cela explique pourquoi les compagnies à bas prix comme Wizz Air s’opposent à la prolongation à cette dérogation, la qualifiant d’anticoncurrentielle et que “cela entraverait plutôt que n’aiderait à la reprise de l’industrie aéronautique de l’UE et, par conséquent, des économies européennes”. 

Si la Commission n’a certainement pas l’intention de protéger les grandes compagnies aériennes en renonçant à l’obligation de détenir des créneaux horaires, c’est cependant une conséquence évidente de cette décision. La propriété des créneaux horaires dans les aéroports ne devrait pas être statique. Au contraire, elle devrait faire l’objet d’une rotation constante entre les compagnies aériennes afin de garantir l’attribution la plus efficace possible des installations et d’encourager une utilisation responsable des aéroports. La règle “use-it-or-leave-it” est, en ce sens, juste et équitable, et devrait être maintenue à tout moment.

L’aviation a changé notre vie à bien des égards. Maintenant que les consommateurs de toute l’Europe ont pu goûter à la vie sans voyager, ils souhaiteraient prendre l’avion davantage, et non moins, une fois la pandémie passée. La Commission européenne devrait veiller à ce que les consommateurs aient la possibilité de choisir entre plusieurs compagnies aériennes, en tenant compte de leurs contraintes budgétaires. Pour y parvenir, les grandes compagnies et les compagnies à bas prix doivent être traitées sur un pied d’égalité et se faire concurrence pour les créneaux horaires dans les aéroports.

Le secteur de l’aviation peut être soutenu par l’allégement des taxes locales sur les compagnies aériennes et par des mesures de déréglementation. Cependant, ce genre de mesures doit être équitable pour tous, afin de garantir un maximum de concurrence et par ce biais, de choix pour les consommateurs.

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