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A la tête du Conseil de l’UE depuis le 1er janvier, le président français a entamé son mandat en défendant son opposition aux accords commerciaux de libre-échange. Mais cette vision pose problème…

« Nous avons été les premiers à nous prononcer contre les accords commerciaux », a déclaré Emmanuel Macron au Parlement européen, au début de la présidence semestrielle de la France au Conseil de l’UE.

Il répondait à une question de l’eurodéputée Manon Aubry (France Insoumise, GUE/NGL), qui lui reprochait d’être en faveur des accords commerciaux de l’UE. Macron a même précisé que « la France est le pays qui s’est le plus opposé à la signature de nouveaux accords », avant de mentionner l’accord UE-Mercosur, qui n’a pas encore été ratifié en raison de préoccupations environnementales.

« Nous allons continuer à soutenir ce dossier en faisant deux choses. La première, c’est de considérer que l’Europe ne doit pas signer de textes avec des puissances qui ne respectent pas les accords de Paris… la seconde, c’est de demander à chaque fois des clauses miroirs », a-t-il ajouté, faisant référence à la demande française de réciprocité en matière de normes commerciales.

Clauses cauchemar

Les clauses miroir sont au cœur du cauchemar commercial de l’Union européenne. Le lobbying de pays comme la France a conduit l’UE à une réglementation à sens unique.

Par essence, le concept du marché unique de l’UE va dans le sens du libre-échange des biens et des services, et vers la simplification des relations commerciales européennes. Cependant, en pratique, l’approche de l’UE en matière de commerce est unique dans tous les sens du terme.

Lorsque la Nouvelle-Zélande et l’Australie signent un accord commercial, elles partent du principe qu’un bien ou un service approuvé dans un pays est acceptable pour l’autre. La France – et donc l’UE – adopte un point de vue différent : des normes moins strictes dans le cadre réglementaire des partenaires commerciaux mettent en péril l’avantage commercial de l’Europe, raison pour laquelle des accords de libre-échange ne peuvent être conclus que si les règles sont équitables.

Le problème avec cette approche est que l’UE a les normes réglementaires les plus strictes que l’on puisse imaginer pour les biens et les services et, à bien des égards, trop strictes pour son propre marché.

Pire que cela, la logique est circulaire. Si, en essayant de commercer avec l’Europe, ces partenaires commerciaux acceptent les normes commerciales, les bureaucrates de Bruxelles s’en serviront pour faire valoir que les normes européennes sont enviées dans le monde entier.

Les conséquences du protectionnisme de l’UE peuvent être dévastatrices pour les nations en développement, comme l’a montré l’incident des droits de douane sur le riz en 2019.

Le prix du riz

En 2019, les droits de douane sur le riz en provenance du Cambodge et du Myanmar ont été réintroduits, afin de respecter les clauses de sauvegarde. La terminologie utilisée est révélatrice. Les agriculteurs européens sont censés être « protégés » de la concurrence étrangère.

C’est à la demande de l’Italie que la Commission a déjà suggéré des tarifs structurels en novembre, ceux qui commencent à 175 €/tonne la première année, puis baissent progressivement à 150 € la deuxième année et à 125 € la troisième année.

Jusqu’alors, le Cambodge et le Myanmar bénéficiaient du régime commercial « Tout sauf les armes » (TSA) de l’UE, qui accorde unilatéralement aux pays les moins développés du monde un accès en franchise de droits et de quotas (sauf pour les armes et les munitions, donc).

Imaginez ce que cela signifie en pratique : après la levée des restrictions commerciales sur leur riz, les agriculteurs du Myanmar et du Cambodge ont saisi l’occasion et ont contracté des prêts afin d’augmenter leur production pour le marché européen. Mais, dès que les producteurs européens ont senti la concurrence, les « clauses de sauvegarde » sont entrées en jeu, et les droits de douane sont revenus.

Ne vous inquiétez pas : si l’un des agriculteurs en question fait faillite, soyez assurés que Bruxelles sera fière de l’aide au développement qu’elle transférera à son pays, et qui finira certainement sur le compte bancaire offshore d’un politicien local corrompu…

Des produits plus chers

Alors, que signifie concrètement l’opposition de Macron aux accords de libre-échange ? Cela signifie que les consommateurs de l’UE continueront à payer une fortune pour le bœuf argentin, ou que les agriculteurs continueront à payer plus cher les aliments pour animaux en provenance du Brésil. Les deux économies en souffrent, les importateurs comme les exportateurs.

Nous devons comprendre que le succès du marché unique – l’adhésion au libre-échange, même avec des nations dont les revenus sont inférieurs – est aussi sa perte lorsqu’il l’empêche d’atteindre des partenaires non européens.

Voyez les choses ainsi : Paris a un déficit commercial en matière de nourriture, un déficit important même. La ville de Paris importe plus de nourriture qu’elle ne pourra jamais en produire, de toute la France. Et, pourtant, la ville de Paris est beaucoup plus riche que la plupart des régions rurales de France, parce qu’elle parvient à exceller dans l’exportation de biens et de services de plus grande valeur.

Le choix est également essentiel : les consommateurs qui veulent des aliments produits à Paris (oui, cela existe) sont libres de payer beaucoup plus cher. Ceux qui veulent choisir des aliments de différentes origines devraient également être libres de le faire.

Seuls le choix et la concurrence permettent de créer un marché véritablement intéressé et efficace pour tous.

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