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Si le prix de la viande continue d’augmenter, le nombre de végétaliens suivra… par pure contrainte financière !

A l’heure où les capitales européennes sont le théâtre d’importantes manifestations d’agriculteurs, il est temps d’analyser ce qui a provoqué le mécontentement des acteurs du secteur agricole et ce que cela signifie pour l’ensemble de l’industrie.

Au cours de l’été dernier, les agriculteurs néerlandais ont manifesté contre les nouvelles règles environnementales de leur gouvernement. Pendant plusieurs semaines, des milliers d’agriculteurs ont brûlé des bottes de foin et bloqué des routes et des centres de distribution alimentaire afin d’attirer l’attention sur les nouvelles règles de l’UE qui risquent de paralyser le secteur.

Le gouvernement de La Haye tente de suivre les directives de l’UE en réduisant les émissions d’azote dans le pays de 50% d’ici à 2030. Les émissions d’oxyde nitreux et de méthane sont des sous-produits de l’élevage, par exemple lorsque le fumier est déposé. Les Pays-Bas, ainsi que le Danemark, l’Irlande et la région flamande de la Belgique, bénéficiaient d’exemptions concernant les plafonds fixés par l’UE pour le fumier en raison de la faible superficie de leurs terres, mais cette exemption est sur le point de prendre fin pour les agriculteurs néerlandais. Dans la pratique, cela signifie une réduction considérable du nombre d’animaux d’élevage et la faillite de nombreux producteurs laitiers.

Fromages menacés

Même avec la perspective d’un rachat des activités par le gouvernement (ce qui a été proposé), les éleveurs ne sont toujours pas d’accord avec les projets de l’UE. La perspective d’une réduction considérable du nombre d’animaux de ferme mettrait également en péril les produits laitiers traditionnels bien-aimés du pays, tels que les fromages de Gouda et d’Edam. Les protestations des agriculteurs ont entraîné la démission du ministre de l’Agriculture, Henk Staghouwer, en poste depuis moins d’un an, mais le gouvernement reste ferme dans sa décision de suivre les directives de l’UE.

Le 3 mars, les agriculteurs se sont rendus à Bruxelles pour exprimer des préoccupations comparables sur les objectifs de réduction des émissions d’azote. Les organisations agricoles ont déclaré dans un communiqué commun que l’accord sur l’azote, dans sa forme actuelle, « provoquera un carnage socio-économique ». Elles souhaitaient que l’accord reflète mieux les perspectives d’avenir du secteur agricole.

Il s’avère que les nouvelles restrictions concernant les émissions toucheront le secteur agricole encore plus durement qu’on ne le pensait. Les informations obtenues par Euractiv montrent que les plans de l’UE toucheront trois fois plus d’élevages de porcs et de volailles que prévu. Jusqu’à présent, l’UE ne comptait que sur une fraction de l’élevage pour appliquer ses règles, mais cela est sur le point de changer. Bien que certains États membres de l’UE fassent pression, il est probable que les restrictions prévues seront mises en œuvre, ce qui causera des dégâts dans un secteur agricole qui a beaucoup souffert de la directive Covid-19 et de la guerre en Ukraine.

De 20 à 53% d’inflation alimentaire

L’Union européenne a dévoilé sa stratégie « Farm to Fork » en mai 2020, au début de la pandémie de Covid-19. Ce plan prévoit une réduction significative des pesticides et des engrais de synthèse, ainsi qu’une augmentation de la production de l’agriculture biologique.

La Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE à Bruxelles, dévoile structurellement des paquets législatifs qui font de ces plans une réalité, mais qui se heurtent à des critiques de la part des agriculteurs et des consommateurs. Lorsque l’USDA a réalisé une étude d’impact sur les effets de la stratégie, elle a constaté que les prix agricoles augmenteraient de 20 à 53%. L’UE elle-même n’a pas présenté d’étude d’impact.

Face aux critiques croissantes et à l’inflation générale des prix des denrées alimentaires, le Conseil européen (qui représente les Etats membres de l’UE) retarde à présent la mise en œuvre de la réduction des pesticides, notamment parce que les pays d’Europe centrale et orientale craignent qu’elle n’entraîne une nouvelle hausse des prix des denrées alimentaires.

En septembre dernier, une source du Financial Times affirmait que, « dans des pays comme l’Espagne, une réduction de 50% de l’utilisation des pesticides entraînerait une baisse importante de la production ».

Les protestations des agriculteurs néerlandais ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la boîte de Pandore que l’UE a ouverte en s’immisçant dans le système agricole européen. La vision utopique et déformée de l’agriculture véhiculée par l’environnement se heurte aux besoins réels des consommateurs.

Sans innovation, moins de production

En fait, la solution européenne consistant à développer l’agriculture bio va à l’encontre de l’objectif de réduction des émissions de dioxyde de carbone. Les émissions de CO2 augmenteront de 70% si l’agriculture biologique devient la norme, comme l’ont montré des chercheurs britanniques.

La raison en est simple : l’agriculture bio a besoin de plus de ressources et de plus de terres agricoles pour obtenir le même rendement. Les aliments biologiques sont donc non seulement moins bons pour l’environnement, mais aussi plus chers pour les consommateurs.

Quant à l’élevage, c’est la décroissance qui est à l’œuvre. Incapables de concevoir que l’innovation permet de résoudre bon nombre des problèmes de durabilité de notre époque, les gouvernements réduisent les effectifs du secteur alors que tous nos concurrents améliorent les leurs. La mentalité de la décroissance utilise le langage de l’urgence pour réaliser ce qu’elle a toujours voulu réaliser de toute façon : l’abandon progressif de la consommation de produits carnés.

Si le choix de ne pas manger de viande ou de trouver des alternatives à la viande est libre, ce n’est pas à ceux qui s’opposent à la consommation de viande d’opposer leur point de vue aux autres. En outre, l’abandon progressif de l’élevage ne met pas seulement en péril le prix de la viande, mais aussi celui des produits laitiers de toutes sortes.

Nous devrions être végétaliens par choix, et non par contrainte financière.

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