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POST-ÉLECTIONS EUROPÉENNES : UNE COMMISSION EUROPÉENNE PLUS OUVERTE À L’INDUSTRIE ?

La Commission européenne pourrait devoir ajuster ses politiques environnementales en raison du maintien d’une majorité de centre-droit et de libéraux au Parlement… ce qui pourrait mettre en question la reconduction d’Ursula von der Leyen à sa présidence.

A la suite des élections européennes, de nombreux commentateurs semblaient avoir rédigé leurs titres à l’avance et voulaient de toute façon « publier ».

Cependant, malgré les gains de la droite en France et en Allemagne, le nouveau Parlement européen ressemblera beaucoup à l’ancien. La majorité actuelle de centre-droit, de sociaux-démocrates/socialistes et de libéraux devrait se maintenir, ce qui, en théorie, signifie que la Commission européenne pourrait continuer à fonctionner comme prévu.

Cela dit, il est vrai que les élections ont envoyé un message fort aux dirigeants de Bruxelles.

D’une part, les pertes des partis écologistes à travers l’Europe sont significatives, ce qui jette une ombre sur une Commission européenne qui, depuis 2019, était fortement axée sur la protection de l’environnement et les changements politiques à grande échelle à cet égard. Qu’il s’agisse de la politique environnementale, de la réforme agricole ou de l’interdiction du moteur à combustion interne, il est clair que les électeurs se sont violemment rebellés contre ces politiques.

Le Parti populaire européen (PPE), le groupe politique le plus puissant du Parlement, n’a sauvé son siège que parce qu’il a pivoté sur le Green Deal européen, a promis de revenir sur l’interdiction des voitures à essence ou a voté contre la nouvelle législation sur les pesticides suggérée par Berlaymont.

D’autre part, le maintien d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne n’est pas encore garanti.

D’un côté, elle doit être recommandée par le Conseil européen. En 2019, Emmanuel Macron a approuvé sa nomination, parce qu’il voulait Christine Lagarde à la tête de la BCE et parce que la chancelière allemande de l’époque, Angela Merkel, voulait expulser Ursula von der Leyen de Berlin en raison des allégations de corruption compromettantes dont elle avait fait l’objet dans la presse.

Mais aujourd’hui, Emmanuel Macron est confronté à des élections législatives difficiles à la fin du mois, et Mme Von der Leyen n’est pas exactement l’atout politique qu’il pensait qu’elle serait. Du point de vue de la stratégie politique, il serait plus logique de choisir une personnalité moins connue d’un petit Etat membre de l’UE – peut-être quelqu’un d’Europe centrale ou orientale, pour à la fois apaiser les sensibilités de ces membres et apporter un vent de fraîcheur à Bruxelles.

Ursula Von der Leyen a elle-même tenté le plus grand pivot politique dans sa campagne électorale jusqu’à la semaine dernière. Après avoir posé pour des photos avec Greta Thunberg, la politicienne allemande s’est rendue à des réunions avec de grandes entreprises pour discuter de la future politique industrielle de l’Europe.

Ce pivot porte même un nom : la déclaration d’Anvers pour un pacte industriel européen. Il y a un besoin urgent de clarté, de prévisibilité et de confiance dans l’Europe et sa politique industrielle. Comme l’a très clairement déclaré le Premier ministre belge Alexander De Croo : « Nous avons besoin de notre industrie pour sa capacité d’innovation. Pour trouver les solutions climatiques de demain. C’est pourquoi l’Europe ne doit pas seulement être un continent d’innovation industrielle, mais doit rester un continent de production industrielle. »

Cependant, il pourrait être un peu trop tard pour la Commission européenne actuelle. Mme Von der Leyen a misé sa réputation sur le Green Deal européen, et tandis que Frans Timmermans a tenté sans succès sa chance dans la politique intérieure néerlandaise, son héritage dépend de l’accueil que les législateurs réservent à son changement d’avis.

Tout candidat à la présidence de la Commission européenne doit être approuvé par un vote secret au Parlement européen.

Comme il n’y a aucune garantie que la coalition gouvernementale puisse maintenir ses rangs, elle aura besoin d’un soutien supplémentaire de 10% de la part des autres partis, ce qui lui laisse deux options : soit elle double ses promesses écologiques pour obtenir le soutien des Verts européens (ce qui lui fera perdre des voix au sein du PPE et de certains libéraux), soit elle cherche ses voix du côté de la droite, ce qui pourrait lui coûter des voix du côté des sociaux-démocrates.

Ursula Von der Leyen a déjà été confrontée à un dilemme similaire en 2019, lorsqu’elle a conclu un accord avec le PIS, le parti au pouvoir en Pologne, et Viktor Orbán en Hongrie pour être élue. Ce vote potentiellement serré pourrait être l’une des raisons pour lesquelles certains membres du Conseil européen ne voudraient pas qu’elle soit nommée en premier lieu.

Pour ma part, je ne m’attendais pas à ce que Von der Leyen change de marque. Elle a montré son vrai visage au cours de ce mandat politique : il s’agit d’une politicienne de centre-droit qui a échoué dans sa tentative d’obtenir des références vertes et qui a appauvri le continent avec ses politiques dans le processus. Si la Commission européenne souhaite une nouvelle approche de la politique industrielle au cours des cinq prochaines années, nous aurons besoin d’un nouveau candidat.

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