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De nos jours, les temps de vol sont en fait plus longs qu’il y a 60 ans. Compte tenu des avancées technologiques actuelles, il est grand temps de (re)donner leur chance aux avions supersoniques.

Une opinion de Bill Wirtz, analyste de politiques publiques pour le Consumer Choice Center.
En construisant son réseau ferroviaire à grande vitesse, la France a révolutionné la conception du transport ferroviaire des voyageurs. Ce qui prenait 4-5 heures en bus longue distance de Bruxelles à Paris peut maintenant être accompli en un peu plus d’une heure avec un train Thalys. L’abandon des trains régionaux lents au profit de nouveaux modèles rapides et futuristes a apporté plus de confort et d’efficacité (au niveau temporaire) aux consommateurs.

Dans le domaine de l’aviation, c’est le contraire qui se produit. Depuis les années 1960, le transport aérien ne s’est pas accéléré. La vitesse de croisière des avions commerciaux varie aujourd’hui entre 480 et 510 nœuds, contre 525 nœuds pour le Boeing 707, un pilier du voyage en avion des années 1960. La raison en est l’efficacité énergétique, qui se traduit par un bon rapport coût-efficacité. Alors que les pilotes ont tenté de trouver les routes de vol les plus efficaces, c’est aussi le ralentissement des vols qui a permis de réduire la consommation de carburant. Selon un article paru dans NBC News en 2008, JetBlue a économisé environ 13,6 millions de dollars par an en carburant en ajoutant deux minutes à ses vols.

Mais ralentir les choses n’est pas nécessairement la seule solution, et on ne peut pas prétendre que les temps de vol plus longs qu’il y a 60 ans ravissent consommateurs. On peut le voir ainsi : les vieux trains régionaux consomment moins d’électricité que les trains à grande vitesse actuels qui roulent à plus de 300 km/h, mais personne ne nous propose de ramener à 7 heures les temps de trajet entre Bruxelles et Londres. En fait, comme nous utilisons continuellement le train à grande vitesse, nous améliorons la technologie et réduisons la consommation d’énergie. La même discussion devrait s’appliquer à l’aviation.

Une industrie (ré)émergente

Les avions supersoniques ne sont plus à l’ordre du jour en Europe depuis un certain temps, mais de nouvelles innovations devraient nous amener à reconsidérer notre approche de cette technologie. Pour les vols intercontinentaux longue distance, les avions supersoniques réduisent le temps de vol de plus de moitié. Par exemple, Londres-New York passerait de 7 heures à seulement 3 heures et 15 minutes. L’efficacité énergétique des modèles supersoniques actuels n’est pas encore idéale, mais pour une industrie (re)émergente, la seule façon d’y parvenir, c’est la croissance. Si l’on considère l’évolution des avions conventionnels, qui sont devenus 80 pour cent plus efficaces que les premiers avions de ligne, on peut être très optimiste sur les avions supersoniques. De plus, les producteurs d’avions supersoniques sont également favorables à l’utilisation de carburants alternatifs, ce qui s’ajoute au plan 2020 de l’ONU pour une croissance neutre en carbone.

Le vrai piège, c’est le niveau de bruit. Ayant grandi dans une ville voisine d’un aéroport et y ayant vécu près de 20 ans, je connais les différents points de vue sur le bruit des aéroports. Dans mon village natal, beaucoup de gens défendaient l’aéroport pour des raisons économiques, tandis que d’autres se rassemblaient en associations de citoyens inquiets, combattant l’aéroport un avion à la fois. Au fil des ans, leurs demandes ont été de moins en moins appuyées, car les avions devenant plus efficaces, ils faisaient aussi moins de bruit.

Mais les avions supersoniques ne partent pas non plus de zéro. Bien que ces appareils soient plus bruyants à l’atterrissage et au décollage, les nouveaux modèles futuristes comme Overture sont jusqu’à cent fois moins bruyants que ne l’était le Concorde, tout en demeurant, du moins pour l’instant, plus bruyants que les avions de ligne actuels. Dans le même temps, un compromis impliquerait des temps de déplacement plus courts et des attentes prometteuses en matière de réduction de la pollution.

Donner une chance aux avions supersoniques

Le moins que l’on puisse faire pour élargir le choix des consommateurs dans ce domaine est de donner une chance aux supersoniques, mais la réglementation actuelle ne considère pas que ces avions sont fondamentalement différents des avions ordinaires (subsoniques). Or il y a un équilibre à trouver entre ce que veulent les consommateurs et les citoyens concernés par les nuisances sonores ; d’une part sur ce que nous pouvons réaliser de façon réaliste en termes de réduction du bruit; et d’autre part sur les compromis avantageux que nous obtiendrions en permettant à l’Europe de redevenir supersonique.

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