OPINION. A travers la promotion d’une agroécologie inefficace et antiscientifique, la Suisse prend des décisions de politique de développement contraires à ses propres recherches scientifiques, écrit Bill Wirtz, analyste de politiques publiques pour le Consumer Choice Center
Pourquoi les institutions suisses participent-elles à la promotion de l’agro-écologie — technologie qui réduit les rendements agricoles pour les pays les plus pauvres?
L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (ONUAA) s’est donnée comme objectif la promotion d’une alimentation saine et accessible dans le monde. En vue des difficultés existantes dans des continents comme l’Afrique, l’organisation située à Rome s’engage à redéfinir la politique de développement, dans laquelle sont investies la Suisse ainsi que l’Union européenne. Le Committee on World Food Security (CFS) (comité pour la sécurité alimentaire) vient de terminer sa conférence annuelle, au cours de laquelle elle a développé des idées pour promouvoir une meilleure agriculture pour le monde. Le comité est censé promouvoir la convergence politique sur ce sujet.
Lors d’un événement parallèle, la Direction du développement et de la coopération (DDC), qui est agence de coopération internationale de la Confédération, s’exprime en faveur du système d’agro-écologie. La description de l’événement indique :
“L’agroécologie représente une alternative pour relever un certain nombre de défis dans la poursuite de la santé humaine et planétaire.
L’objectif de cet événement parallèle est d’explorer de façon holistique les liens entre les systèmes alimentaires et la nutrition. Faut-il seulement produire plus ou faut-il aussi produire et consommer mieux ?”
Au premier abord, rien de contestable dans cette déclaration. Qui ne voudrait pas produire de façon plus saine? Mais en coulisses, les problèmes s’accumulent.
L’agro-écologie décrit un ensemble de points de vue sur l’agriculture, et demande une sorte de “back to basics” sur nos méthodes. Pour ses partisans, l’agriculture prospère lorsqu’elle travaille avec les écosystèmes locaux, par exemple en améliorant la qualité des sols et des plantes grâce à la biomasse et à la biodiversité disponibles, plutôt qu’en luttant contre la nature avec des intrants chimiques. Les agriculteurs agro-écologiques cherchent par là à : améliorer les rendements alimentaires pour une alimentation équilibrée, à renforcer les marchés équitables pour leurs produits, à améliorer la santé des écosystèmes et à tirer parti des connaissances et coutumes ancestrales. L’expression “peasant farming” (l’agriculture paysanne) et utilisée de façon récurrente par ces activistes.
Une étude récente menée par des militants pro-agroécologie a montré que l’application de leurs principes à l’Europe réduirait la productivité agricole de 35% en moyenne. Dans des pays en voie de développement, une telle réduction du rendement agricole serait fatale. Il s’avère que la DDC a aussi contribué à l’organisation d’une conférence pro-agroécologie à Nairobi, Kenya au mois de juin. Cette “Conférence internationale sur l’agroécologie transformant les systèmes agricoles et alimentaires en Afrique” présentait des orateurs scientifiquement controversés. Parmi ces orateurs figurent les scientifiques Don Huber et Judy Carmen, qui ont tous deux fait des déclarations non-scientifiques – et tout aussi discréditées – sur les OGM. Tyrone Hayes, qui est célèbre pour son affirmation, maintenant défendue par Alex Jones, le conspirationniste de InfoWars, selon qui l’herbicide atrazine “rend les grenouilles homosexuelles” y était également.
Le message de cette conférence? Le génie génétique, les pesticides de dernière génération et les engrais synthétiques sont tous mauvais; il faut donc revenir à l’agriculture de nos ancêtres. Sur le glyphosate, ni l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ni l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont confirmé l’accusation écologiste que le produit est carcinogène. Sur la modification génétique, le Fond national suisse de la recherche scientifique a conduit une des études les plus importantes dans le domaine, notamment dans le Programme national de recherche PNR 59, mandaté par le Conseil fédéral.
Dans leurs recherches, ces scientifiques n’ont pas trouvé de conséquences néfastes provenant du génie génétique. Ils soulignent qu’ils n’ont pas trouvé des effets négatifs, ce qui confirme les conclusions d’autres organes de recherches internationaux.
L’étude confirme aussi la différence entre les OGM et le génie génétique, décrit par les écologistes comme OGM par la porte derrière. Les scientifiques suisses ajoutent même : “De nouvelles méthodes dans le génie génétique vert sont en mesure de contribuer à l’amélioration de la biosécurité.”
Les écologistes prétendent qu’il s’agirait d’activer le principe de précaution. Mais à quoi bon toute déclaration d’intention sur la précaution, si aucune recherche scientifique ne réussira à les convaincre? La Suisse n’est-elle pas prête à écouter ses propres scientifiques?
Pire encore, à travers des propres agences, et à travers la promotion d’une agro-écologie inefficace et anti-scientifique, la Suisse prend des décisions de politique de développement contraires à ses propres recherches scientifiques. Trouble dissociatif de l’identité ou dissonance cognitive, les électeurs doivent se demander à quoi servent leurs dépenses d’impôts si l’Etat ignore ses propres experts. Qui prendra la responsabilité de convaincre des paysans africains d’adopter des modèles agricultures que nous savons être les moins efficaces?
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