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Le plan de relance de l'UE n'est pas la bonne voie à suivre.

Le 21 juillet 2020, les vingt-sept États membres de l'Union européenne se sont mis d'accord sur un plan de relance "historique". Au total, 750 milliards d'euros seront injectés dans l'économie européenne. Pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne, les États membres ont convenu de s'endetter collectivement à hauteur de 390 milliards d'euros. Empruntée sur les marchés obligataires, cette somme sera versée aux États les plus touchés par la crise, sans condition.

Alors qu'Angela Merkel avait déclaré en juin 2012 qu'elle n'accepterait pas les eurobonds, le Covid-19 a agi comme un accélérateur de la volonté politique de les mettre en place.

Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton a accueilli avec un tweet que le plan de relance européen n'entraînera en aucun cas la création de nouvelles taxes à payer par les citoyens européens avant de préciser que « ce n'est qu'aux frontières de notre marché intérieur que nous imposerons des taxes » ! Comme si ce n'étaient pas les consommateurs européens qui allaient voir leur pouvoir d'achat amputé du montant de ces taxes.

La seule taxe officiellement promulguée à ce jour est celle sur le plastique non recyclé. Applicable à partir du 1er janvier 2021, cette taxe prendra la forme de cotisations nationales. Si ce sont les États membres qui seront chargés d'apporter ces contributions à l'Europe, elles pourraient provenir de plusieurs sources, dont une contribution des acteurs du marché. Dans un tel cas, le coût sera probablement répercuté sur les consommateurs. Le risque est aussi de réduire la capacité d'investissement et d'innovation des industries concernées.

Les autres pistes de financement envisagées sont celles de la taxe GAFA - encore en discussion - et de la taxe carbone européenne - qui entrerait en vigueur au plus tard en janvier 2023. Le président Emmanuel Macron annoncé à la télévision française que ces nouvelles taxes, en plus de financer le plan de relance, pénaliseront "les grandes entreprises et les acteurs internationaux qui ne jouent pas notre jeu politique". C'est une vision très naïve du fonctionnement de l'économie de marché. En réalité, peu importe que la taxe soit imposée au consommateur ou au producteur, le résultat financier reste le même : le coût est plus élevé pour les consommateurs et les profits plus faibles pour le producteur.

Alors que les plans de relance sont répandus, leur retour sur investissement n'est jamais garanti. Historiquement, les performances des plans de relance se sont souvent révélées décevantes.

L'économiste de Harvard Alberto Alesina a passé la fin de sa carrière à analyser des milliers d'ajustements budgétaires dans des centaines de pays. En 2010, alors que le débat battait son plein suite aux turbulences de la crise des subprimes, l'expert des politiques budgétaires expliquait dans un article d'opinion au Wall Street Journal que la relance basée sur l'augmentation des dépenses publiques s'avérait positive. En effet, alors que les acteurs du marché réagissent positivement à une baisse durable et crédible du niveau de la fiscalité, la hausse des dépenses publiques envoie le signal inverse.

Un autre avantage attribué au choc de la libéralisation est que cette méthode permet de distribuer le pouvoir aux consommateurs au lieu de le concentrer dans quelques administrations qui feront des choix pour les autres.

Il est donc possible de relancer l'économie sans imposer une charge fiscale supplémentaire aux consommateurs. Ce serait même l'occasion pour les « mauvais élèves » de la zone euro de consolider leurs finances publiques — la crise a montré que les pays déjà très endettés sont les plus vulnérables à un choc exogène.

Malheureusement, c'est dans la direction opposée que semble s'orienter l'Union européenne : vers une déresponsabilisation croissante des économies les plus laxistes. Combien de temps un tel arrangement peut-il durer ?

Publié à l'origine ici.

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