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La panique morale est-elle justifiée ? L'effet de la privatisation de l'alcool sur la conduite avec facultés affaiblies en Alberta

Par Heather Bone, chargée de recherche, Consumer Choice Center

Presque chaque fois que la perspective de privatiser les ventes d'alcool en Ontario est débattue, il y a une panique morale. Si les ventes d'alcool sont privatisées, selon l'argument, l'alcool sera plus facilement accessible et il y aura une augmentation des crimes liés à l'alcool. Dans ce mémoire de recherche, j'examine dans quelle mesure nous devrions nous préoccuper d'une augmentation des maux sociaux résultant de la privatisation des magasins d'alcools en me concentrant sur l'expérience de l'Alberta en matière de conduite avec facultés affaiblies (en raison de la disponibilité limitée de données sur d'autres crimes comme la consommation d'alcool chez les mineurs). Ainsi, cet article répond à la question suivante : Le système de distribution au détail d'alcool affecte-t-il les taux de conduite avec facultés affaiblies ?

Si vous deviez faire confiance au Syndicat des employés du secteur public de l'Ontario (SEFPO), qui représente les 7 500 employés de la LCBO de la province, vous supposeriez que la relation est positive, c'est-à-dire que les systèmes privés de distribution d'alcool entraînent des taux plus élevés de conduite avec facultés affaiblies. Une annonce radio diffusée par le SEFPO disait : « En Alberta, vous pouvez acheter de l'alcool dans les chaînes d'épiceries et en Alberta, il est trois fois et demie plus probable que la personne que vous croisez en sortant du stationnement conduise en état d'ébriété. Voulez-vous faire ce genre de compromis en Ontario? Un peu de commodité pour beaucoup de douleur et de souffrance.[1] Cependant, les données racontent une histoire différente.

À l'aide de données de Statistique Canada et de la technique économétrique des différences dans les différences, j'ai comparé les taux de conduite avec facultés affaiblies de l'Alberta au cours des quatre années suivant la privatisation de ses magasins d'alcool gérés par l'État (en 1993) à leurs taux prévus en l'absence du changement de politique (à l'aide d'un contrefactuel synthétique généré par ordinateur composé des taux de conduite avec facultés affaiblies de Terre-Neuve et du Yukon - deux juridictions qui n'ont connu aucun changement dans la politique en matière d'alcool au cours de la période étudiée). J'ai trouvé un résultat statistiquement significatif déclin des taux de conduite avec facultés affaiblies en réponse au changement de politique. Ce que le SEFPO, dans son analyse, a commodément omis, c'est que les taux de conduite avec facultés affaiblies en Alberta étaient beaucoup plus élevés qu'en Ontario avant la privatisation des magasins d'alcools.

Mes recherches suggèrent, au moins, que l'on peut faire davantage confiance aux détaillants privés qu'au gouvernement pour empêcher que l'alcool ne tombe entre les mains de ceux qui sont les plus susceptibles d'en abuser. Les principaux résultats sont présentés dans le tableau 1 et représentés visuellement dans la figure 1 ci-dessous. Le paramètre d'intérêt est l'interaction entre la province et le temps (Alberta*Après) qui est négative et statistiquement significative, démontrant que le changement de politique a entraîné moins de conduite avec facultés affaiblies.

Tableau 1:

Infractions liées à la conduite de véhicules avec facultés affaiblies en Alberta pour 100 000 personnes

Alberta -1.5

(37.2)

Après -684.8***

(49.0)

Alberta*Après -150.7*

(62.5)

La source: Tableau CANSIM 252-0013, Statistique Canada

***p<0,001, **p<0,01, *p<0,05

Figure 1 : Infractions liées à la conduite de véhicules avec facultés affaiblies pour 100 000 personnes au fil du temps

La source: Tableau CANSIM 252-0013, Statistique Canada

L'idée que l'Ontario, et d'autres juridictions avec des magasins d'alcool appartenant à l'État, doivent choisir entre les maux sociaux et plus de choix pour les consommateurs est une fausse dichotomie. Bien que les coûts de la libéralisation des ventes d'alcool soient surestimés, les avantages sont clairs. À la suite de la privatisation, l'Alberta a considérablement élargi la gamme de produits offerts aux consommateurs, passant de seulement 2 200 variétés de bière, de vin et de spiritueux en 1993 à plus de 19 000 variétés aujourd'hui.[2] L'Ontario, et les juridictions similaires où l'État est responsable de la vente d'alcool, devraient donc suivre l'exemple de l'Alberta et poursuivre la privatisation dans l'intérêt du choix du consommateur.

[1] SEFPO (2015), « Les publicités à la radio du SEFPO suscitent une forte réaction du secteur privatisé de l'alcool de l'Alberta », https://opseu.org/news/opseu-radio-ads-spark-strong-response-albertas-privatized-alcohol-sector

[2] Milke, « Le succès de la privatisation des magasins d'alcools de l'Alberta, une leçon pour les autres provinces », https://www.fraserinstitute.org/article/success-albertas-liquor-store-privatization-lesson-other-provinces

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