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LES ECHOS : Certains pays de l'UE, dont la France, veulent taxer les grandes entreprises du numérique sur leur chiffre d'affaires plutôt que sur les bénéfices. L'augmentation des impôts qui en résulterait serait, hélas, répercutée sur le consommateur.


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Par Bill Wirtz

LE CERCLE/POINT DE VUE – Certains pays de l'UE, dont la France, veulent taxer les grandes entreprises du numérique sur leur chiffre d'affaires plutôt que sur les bénéfices. L'augmentation des impôts qui en résulterait serait, hélas, répercutée sur le consommateur.

D'après une initiative récente de quatre États, l'Union européenne (UE) a suggéré la question de la fiscalité numérique en suggérant que les services en ligne devraient être taxés sur le chiffre d'affaires et non sur les bénéfices.

Les ministres des Finances de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne exigent une action de la présidence du Conseil estonien pour l'institution d'une telle taxe. Leur idée : lutter contre l'optimisation fiscale pratiquée par certains géants du numérique comme les Gafa ( GoogleAmazoneFacebook et Pomme).

En effet, certains de ces géants ont préféré être domiciliés dans des États membres de l'Union européenne où la fiscalité est la plus avantageuse afin d'éviter les taux d'imposition français ou belges.

En juillet dernier, le géant américain Google échappait à un redressement fiscal de 1 115 milliards d'euros qu'entendant lui imposer l'administration. Le tribunal administratif de Paris a donné raison à la firme américaine qui estimait que sa filiale irlandaise, responsable de ses opérations européennes n'était pas imposable en France.

Réticences européennes

En août, Bruno Le Maire demandait une « imposition juste » et appelait « à l'unité européenne » sur cette question. Cependant, cette proposition soulève la question de savoir à quel point une taxe serait efficace ou même « juste ».

Plusieurs États membres de l'UE ont déjà soulevé leurs préoccupations face à cette question : le ministre des Finances de Malte, Edward Scicluna, s'est exprimé en espérant que "ce n'est pas une autre taxe sur les transactions financières", contre laquelle il s'était déjà engagé en tant que membre du Parlement européen.

Le gouvernement luxembourgeois a jugé que les mesures fiscales à cette échelle doivent être coordonnées à plus grande échelle que l'Union européenne, et que ce devrait être un sujet lors du G20. Le ministre danois des Finances, Kristian Jensen, était également sceptique envers cette idée : "Je suis toujours sceptique quant aux nouvelles taxes et je pense que l'Europe est déjà gravement imposée".

Lire aussi : L'optimisation fiscale coûterait 18 milliards au budget de la France

Lors d'une réunion récente à Tallinn, la présidence estonienne a minimisé les désaccords et prétendu que les États membres semblaient être d'accord sur le fait que de nouvelles règles communes seraient nécessaires.

Cependant, les rangs des sceptiques d'une réforme fiscale commune des ventes numériques ont également été complétés par le Royaume-Uni, la Suède et la République tchèque. Dans une tentative plutôt désespérée de garantir la taxe, le ministre français Bruno Le Maire a brandi la victoire d'Emmanuel Macron contre l'extrême droite en France, comme une raison pour accepter la réforme.

Coup dur pour le consommateur

Cette tactique de négociation pourrait augmenter la facture d'un acteur oublié : le consommateur. Très souvent, l'augmentation des impôts indirects implique inévitablement une augmentation des prix pour les consommateurs sur le continent européen.

La TVA a longtemps été reconnue comme la taxe qui affecte le plus durablement les plus pauvres. Il semble cruel de restreindre leur pouvoir d'achat à un moment où les personnes à faible revenu en particulier peuvent avoir un accès plus simple à de nombreux produits grâce à l'internet.

Si des gens politiques veulent parler de « justice », ils doivent aborder la situation injuste de ces personnes qui ne peuvent supporter les hausses d'impôts indirects. Si nous nous soucions de ceux qui ont de faibles salaires, nous battons pour avoir un marché plus compétitif dans lequel les entreprises s'efforcent d'améliorer leur situation en baissant leurs coûts et donc leurs prix, pas dans une course pour réduire leurs charges fiscales astronomiques.

Plusieurs pays se sont opposés à la proposition d'une taxe numérique et le gouvernement français est visiblement pressé de satisfaire la demande politique interne pour cette réforme. Il est peu probable que les dirigeants de l'UE trouvent un accord durable en décembre. Et à juste titre.

L'avenir de l'économie de marché en Europe réside sans équivoque dans le secteur numérique. L'idée d'imposer massivement les entreprises en ligne n'est pas un objectif prometteur, ni pour les États ni pour leurs consommateurs. Elle mérite plutôt d'être rejetée comme une solution qui ne fournit aucune garantie de cohésion européenne.

Bill Wirtz est analyste de politiques pour le Consumer Choice Center

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