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L'abandon de l'Accord sur les ADPIC ne résoudra pas la réticence à la vaccination dans les pays en développement, mais perturbera plutôt l'innovation mondiale

Actuellement, une réunion historique de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se tient à Genève, en Suisse, pour discuter de la renonciation aux brevets sur les vaccins COVID-19. S'exprimant lors de l'ouverture du premier sommet de l'OMC en cinq ans, la Directrice générale (DG) Ngozi Okonjo-Iweala a exprimé un « optimisme prudent » quant aux résultats, comme indiqué dans L'heure du Japon.

Depuis son élection en 2021, la DG de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a insisté sur la nécessité de renforcer l'accessibilité des vaccins contre le coronavirus dans les pays en développement. Le DG s'est félicité de la proposition initiale de flexibilité relative aux aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) de l'Afrique du Sud et de l'Inde, stressant l'urgence de conclure un accord. 

Il semble que la volonté de passer un certain type d'accord sur l'abandon des brevets l'emporte sur le bon sens

Maintenant, nous pourrions être à des heures d'un accord qui affectera nos chances d'améliorer le monde grâce à l'innovation pour toujours. L'opposition initiale de l'UE à l'accord a été minée lorsqu'en novembre 2021, le Parlement européen voté en faveur de l'octroi de la dérogation ADPIC. Le président américain Biden finalement a suivi en donnant le feu vert à la renonciation. 

Il semble que la volonté de passer une sorte d'accord sur l'abandon des brevets l'emporte sur le bon sens. Le démantèlement des droits de propriété intellectuelle (PI) ne résoudra pas la réticence à la vaccination dans le monde en développement, mais ne fera que perturber l'innovation à l'échelle mondiale.

La dérogation à l'Accord sur les ADPIC permettrait aux gouvernements de passer outre les règles mondiales de propriété intellectuelle en cas d'urgence, comme la pandémie de COVID-19. En pratique, cela signifierait renoncer aux brevets pour produire des vaccins contre le coronavirus, des équipements de protection et des dispositifs médicaux, laissant ainsi les entreprises produire des vaccins sans l'accord du titulaire du brevet. 

En soutenant la dérogation ADPIC, les gouvernements occidentaux démontrent une fois de plus à quel point leur mémoire est à court terme. L'hésitation à l'égard des vaccins COVID-19 a explosé en Europe et aux États-Unis. En Autriche, par exemple, seulement 46,2% de personnes ont fait confiance au gouvernement pourapporter vaccins sûrs, selon une étude récente. Les problèmes de sécurité combinés à une faible confiance dans le gouvernement et à la diabolisation de l'industrie pharmaceutique sous-tendent la réticence à la vaccination. 

Tous ces problèmes sont importants en eux-mêmes. Mais il est particulièrement frappant que les défenseurs des ADPIC en Occident les ignorent dans le contexte de la distribution des vaccins dans les pays en développement. Un 2021 enquête en Indonésie, en Malaisie, au Myanmar, aux Philippines, en Thaïlande et au Vietnam, ont constaté qu'environ la moitié des personnes hésitaient à se faire vacciner contre la COVID-19. En Afrique, malgré l'approvisionnement en vaccins, l'hésitation demeure aussi haute, selon le professeur Yap Boum, représentant d'Epicentre, la branche recherche de Médecins Sans Frontières. 

La dérogation ADPIC supprimerait simplement toute incitation pour les innovateurs à résoudre les problèmes les plus urgents du monde

Les partisans de la dérogation à l'Accord sur les ADPIC ne parviennent pas à expliquer l'aspect hésitation à la vaccination du faible taux de vaccination dans les pays en développement. Si les habitants des pays en développement ne veulent pas prendre de vaccins produits par des sociétés pharmaceutiques ayant de bons antécédents en matière de sécurité, qu'est-ce qui fait croire aux partisans de l'Accord sur les ADPIC qu'ils prendraient des vaccins produits par des fournisseurs tiers ?

Sans brevets, les fournisseurs tiers fabriqueront des injections de vaccins basées sur des formules et des procédés brevetés. En conséquence, le risque de produire de mauvais vaccins inactifs qui nuiront à la vaccination en général est extrêmement élevé. Cela pourrait jeter les efforts mondiaux de vaccination sous le bus.

S'il est adopté, l'accord de dérogation sur les ADPIC détruira lentement mais sûrement l'avenir de l'innovation. Droits de propriété intellectuelle pour garantir que les entreprises puissent continuer à innover et à livrer leurs produits aux consommateurs. La recherche pharmaceutique demande énormément de temps, d'efforts et d'investissements, il est donc naturel qu'ils s'attendent à des remboursements. La dérogation à l'Accord sur les ADPIC supprimerait tout simplement toute incitation pour les innovateurs à résoudre les problèmes mondiaux les plus urgents. Et nous en avons plusieurs !

En tant que sociétés, nous avons fait des progrès sans précédent dans le domaine pharmaceutique. Nous sommes sur le point de lutter contre le cancer du rectum, et il ne faudra pas longtemps avant que les médicaments anti-âge deviennent largement disponibles. Mais si les défenseurs des ADPIC réussissent, ces opportunités et bien d'autres seront perdues à jamais. Échanger l'avenir de la planète et des générations futures contre quelques millions de vaccins dangereux, que les habitants des pays en développement pourraient refuser de prendre, ne semble pas être un calcul équitable.

Publié à l'origine ici

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