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Cette opposition ne nuira qu'aux consommateurs, alors que certains coûts contrôlés par les Etats pourraient tout aussi bien être réduits.

En mai dernier, le commissaire européen pour le Marché intérieur, Thierry Breton, a proposé de faire contribuer les plateformes au développement de l'infrastructure numérique, comme les réseaux 5G, ce qui a entraîné des réactions atténuées.

Certains acteurs du secteur des télécommunications estiment que les fournisseurs de contenu et les plateformes de diffusion en continu ne paient pas leur « juste part » pour l'utilisation des réseaux qui transmettent leur contenu. Ils mettent en avant le trafic élevé généré par les services de diffusion en continu, qui sollicitent leurs infrastructures et leurs ressources.

Sauf que ce n'est pas vrai. Et la mise en œuvre de ces règles de répartition équitable se traduirait surtout, au final, par une augmentation des coûts pour les consommateurs, car des sociétés comme Netflix, Disney, Sky – NowTV et la société italienne Mediaset Play seraient tenues de payer pour les réseaux et reporteraient cette augmentation sur les prix de leurs services.

Les infrastructures ne suivent pas

La bataille pour le partage équitable des contributions a révélé un problème majeur sur le marché européen de la connectivité : les fournisseurs de télécommunications sont censés construire les autoroutes de données de l'Europe, mais ils ne disposent pas des capitaux nécessaires pour le faire rapidement. Le manque d'argent place les économies européennes dans une position désavantageuse par rapport à la concurrence, et il faut faire quelque chose. Malheureusement, le commissaire Breton et ses alliés au sein de certaines entreprises de télécommunications historiques considèrent que le coupable est un groupe croissant de fournisseurs de contenu numérique.

L'argument selon lequel les fournisseurs de contenu ne veulent pas payer leur juste part pour l'utilisation du réseau ne résiste pas à l'examen. En effet, les fournisseurs d'accès à Internet, qui, dans de nombreux Etats membres, possèdent l'infrastructure, ne sont pas autorisés à bloquer les services ou le trafic, sauf pour des raisons de sécurité, grâce au règlement 2015/2120, dit « règlement sur l'Internet ouvert ».

L'application de l'idée du partage équitable aux services de diffusion irait à l'encontre de cette disposition, car elle obligerait certains fournisseurs à payer pour l'utilisation du réseau, leur accordant ainsi un traitement différent par rapport aux autres.

Les fournisseurs de télécommunications facturant aux consommateurs l'accès au réseau et aux données ; ils sont donc déjà rémunérés pour l'utilisation de leur infrastructure. Au lieu d'imposer des redevances injustes aux fournisseurs de contenu, l'UE pourrait collaborer avec les Etats membres pour réduire le coût des licences d'utilisation du spectre, c'est-à-dire les redevances que les entreprises de télécommunications payaient pour accéder au spectre de radiofréquences nécessaires à la transmission des signaux sans fil.

Vers un marché unique des télécoms ?

Dans de nombreux États membres, le coût de ces licences peut être exorbitant. Certains se souviennent peut-être encore que l'Allemagne a mis aux enchères le spectre 3G/UMTS pour un total de 50 Mds€ en 2000. Cela représentait 620 € par résident allemand, et les entreprises de télécommunications disposaient ainsi de moins d'argent pour construire l'infrastructure de données nécessaire.

En particulier, voire en supprimant totalement, ces redevances, les fournisseurs de télécommunications disposaient de plus de capitaux, ce qui leur permet d'investir dans les infrastructures et d'améliorer leurs services.

A l'heure actuelle, le spectre n'est généralement « donné » que pour deux décennies. Une propriété appropriée et des marchés secondaires du spectre fonctionnant dans toute l'UE apporteraient également plus de dynamisme à notre marché de la connectivité. Malgré la rhétorique selon laquelle la fin de l'itinérance intra-UE nous a conduits à un marché unique de la connectivité, l'Europe est encore loin d'un marché harmonisé des télécommunications.

La création d'un marché européen compétitif de la connectivité et des télécommunications pourrait s'avérer plus rentable que la tentative de Breton de taxer les plateformes de contenu principalement basées aux États-Unis. Cela profiterait aux consommateurs en améliorant la concurrence, en faisant baisser les prix et en améliorant la qualité des services de télécommunications.

Si la proposition de l'UE visant à faire contribuer les plateformes au développement de l'infrastructure numérique peut sembler raisonnable et facile à mettre en œuvre pour aider les opérateurs de télécommunications, elle créerait plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait. Le fonds de recettes fiscales de certains Etats membres a considérablement réduit la connectivité de l'UE et les capitaux disponibles pour des investissements importants dans les infrastructures de réseau.

Les consommateurs paient encore aujourd'hui la facture des ventes aux enchères de fréquences par le biais des prix élevés des forfaits de téléphonie mobile en Allemagne et dans d'autres pays tels que le Royaume-Uni. En revanche, les Etats membres baltes ne paient leurs forfaits qu'entre 5 et 35 € par citoyen, ce qui laisse tout de même aux fournisseurs de réseaux les liquidités nécessaires à la construction d'infrastructures.

Pour surmonter les difficultés financières du secteur des télécommunications, il est préférable de réduire le coût des licences d'utilisation du spectre plutôt que d'imposer des redevances injustes aux fournisseurs de contenu. Une nouvelle approche du spectre profiterait aux consommateurs en renforçant la concurrence, en faisant baisser les prix et en améliorant la qualité des services de télécommunications.

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