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Les institutions de l'Union européenne renégocient la structure et les ambitions de la politique agricole commune (PAC). Les différents groupes politiques jonglent avec des propositions écologiques, plus ambitieuses les unes que les autres, sans le moindre esprit critique envers le système des paiements en lui-même. Dans quelle autre industrie du monde serions-nous prêts à subventionner structurellement un secteur entier, indépendamment de toute analyse des véritables besoins des consommateurs ?

Mon intention n'est pas de contredire tout ce que le Parlement européen a décidé dans sa réunion plénière de la semaine du 19 octobre. En effet, il est important de souligner un point positif : les parlementaires se sont prononcés pour une limitation des paiements directs aux paysans jusqu'à un maximum de 100 000 €. Ce plafond est une réaction aux faits qu'une grande partie des paiements versés aux personnes les moins méritantes que d'autres. Il garantit de réduire les pressions corporatistes de cette
politique agricole communale.

En République tchèque, le plus gros bénéficiaire des subventions de la
PAC est Andrej Babis, un agronome milliardaire qui détient également une
grande partie des médias du pays. Ses entreprises en République tchèque ont perçu au moins 37 millions € de subventions agricoles l'an dernier. Vous l'ignorez peut-être, mais Andrej Babis est le Premier ministre de la République tchèque et est donc responsable de la redistribution de cet argent.

En Bulgarie, les subventions sont devenues le bien-être de l'élite agricole. L'Académie bulgare des sciences a constaté que 75% des subventions agricoles européennes finissent entre les mains d'environ 100 individus. Dans un article intitulé « The Money Farmers: How Oliarchs and Populists Milk the EU for Millions » de novembre de l'année passée, le New York Times avait d'ailleurs effectué une enquête à ce propos. Ce que les négociations pour une réforme de la PAC veulent faire est de réaliser les ambitions écologiques de deux stratégies européennes : la stratégie «Farm to Fork», qui veut augmenter la production bio en Europe de 7% à 25% et réduire l'utilisation de pesticides de 50% jusqu'en 2030, ainsi que la stratégie pour plus de biodiversité.

Ces deux stratégies ont leurs défauts propres, qui satisfont toutes les deux des articles à partie entière. Cependant, la question devrait être jusqu'à quel point une subvention structurelle du secteur alimentaire est un petit plus bienvenu et non une aide essentielle. Dans l'UE, le protectionnisme agricole force les consommateurs européens à payer de 1 à 17 % de plus que le reste du monde les produits agricoles. Aux États-Unis, les effets de distorsion du marché sont également évidents.

Ce protectionnisme fonctionne sur trois plans différents : la subvention de nos produits agricoles, les normes et standards de production, ainsi que les barrières tarifaires directes (taxes d'importations). Ces trois facteurs provoquent une réduction drastique de la concurrence et une augmentation des prix des biens présents dans nos supermarchés. Si, dans une telle situation de protectionnisme, le secteur agricole ne peut pas garantir des prix acceptables pour les consommateurs, alors il est temps de se demander si une politique de subvention est vraiment adéquate.

Il est nécessaire de faire quelques comparaisons. Les prix alimentaires en Nouvelle-Zélande et en Australie sont identiques aux prix moyens du marché mondial. La raison est que les producteurs agricoles de ces pays sont largement laissés libres de gérer leurs affaires et ne sont pas lourdement encadrés par les autorités. En Europe, un agriculteur moyen doit plus d'un quart de ses revenus à diverses mesures de soutien de l'État. En Nouvelle-Zélande et en Australie, les agriculteurs doivent simplement gagner leur vie en vendant des produits que les gens veulent manger.

Ces deux pays présentent certains des secteurs agricoles les plus importants et les plus productifs du monde. Cela présente un certain nombre d'avantages économiques. À titre d'exemple, sans la suppression des aides publiques, la Nouvelle-Zélande n'aurait peut-être jamais développé son secteur d'exportation de sauvignon blanc, désormais célèbre dans le monde entier. Mais c'est aussi un moyen extrêmement simple d'améliorer le niveau de vie des personnes à faible revenu en leur permettant d'obtenir des aliments à plus bas prix. La PAC est un vieil outil politique qui ne correspond ni à la demande du marché, ni aux volontés des consommateurs. Nous avons besoin de plus de liberté pour les producteurs, plus de libre-échange, moins d'interventionnisme étatique dans le do-
maine de l'agriculture, et, par ce fait, plus de choix pour les consommateurs.

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