Dans l'ensemble, on devrait s'attendre à mieux de la part d'Ottawa, et la taxe sur la bière sans alcool est un autre exemple d'erreur.
Les taxes sur le péché, dans tous les secteurs, sont assez excessives au Canada. À presque chaque tournant, le gouvernement enfonce ses dents fiscales dans le processus d'achat des produits que vous aimez. Cela est vrai pour les produits à base de cannabis, l'alcool, le tabac, le vapotage, l'essence et, ce qui est ennuyeux, la bière sans alcool. Oui, la bière non alcoolisée au Canada n'est pas exemptée des taxes d'accise fédérales.
Vous avez bien lu. Le gouvernement fédéral étend également son régime de sin-tax pour la bière sans alcool, au taux de $2,82/hectolitre.
L'application de taxes d'accise sur la bière non alcoolisée est problématique pour diverses raisons. La première, et la plus flagrante, est qu'elle est hypocrite étant donné que le gouvernement fédéral a exempté les vins et spiritueux non alcoolisés de la taxe d'accise. Pourquoi l'appliquer à la bière, mais pas au vin et aux spiritueux ? De toute évidence, une approche plus cohérente consisterait à exonérer simplement toutes les boissons non alcoolisées de la taxe d'accise, car le but de la taxe sur le péché est de récupérer les frais de santé liés à l'alcool. Cela dit, il n'y a aucun coût de santé lié à l'alcool lié à la bière sans alcool, ce qui montre immédiatement la folie de taxer ces produits.
En plus de corriger l'hypocrisie, la suppression de la taxe d'accise sur la bière non alcoolisée alignerait la politique fédérale sur la façon dont les provinces traitent ces produits. Les organismes de réglementation provinciaux, y compris l'Alberta, n'exigent pas que les boissons non alcoolisées soient vendues dans des points de vente au détail d'alcool agréés, car ils ont accepté l'évidence que ces produits ne contiennent pas d'alcool et ne devraient donc pas être strictement réglementés. C'est pourquoi, en Alberta, ces produits sont souvent vendus avec de l'eau gazeuse et des boissons gazeuses. En supprimant la taxe d'accise, le gouvernement fédéral suivrait l'exemple des provinces en traitant la bière non alcoolisée différemment de la bière, car elles sont en fait différentes.
Du côté de l'industrie, la taxe d'accise fédérale agit comme un obstacle au développement de produits au Canada, principalement parce que d'autres juridictions productrices de bière (États-Unis, UE, Royaume-Uni) ne taxent pas la bière non alcoolisée. Pour cette raison, l'industrie nationale dans ces juridictions a prospéré, offrant aux consommateurs plus de choix et à de meilleurs prix. Leur politique fiscale sensée, associée à une demande accrue des consommateurs, explique en grande partie pourquoi le marché de la bière sans alcool devrait atteindre plus de $4 milliard d'ici 2025. Ces boissons ne sont plus réservées aux hipsters, aux conducteurs désignés et aux femmes enceintes.
Enfin, et surtout, la bière sans alcool est un autre exemple de nouveaux produits réduisant les dommages pour les consommateurs. Et bien que je n'apprécie pas personnellement ces boissons, je peux voir pourquoi quelqu'un voudrait quand même profiter d'une bière avec ses amis, ou dans un bar, sans l'alcool qui l'accompagne.
Du point de vue de la réduction des méfaits, il est tout à fait logique d'avoir différentes stratégies fiscales pour des produits dont le risque varie. Le gouvernement Trudeau a parfois défendu la réduction des méfaits des drogues illégales, mais semble avoir un angle mort en ce qui concerne les substances légales. C'est une tendance inconfortable d'Ottawa qui est parfaitement illustrée par la taxe d'accise sur la bière non alcoolisée. Ottawa a conservé le système de taxe d'accise pour les produits de cannabis THC non fumables, comme les produits comestibles et les boissons, malgré le fait qu'ils sont nettement moins nocifs. Ils ont cherché à interdire les arômes de vapotage, malgré le fait que le vapotage est 95% moins nocif que le tabagisme, et les arômes sont un outil incroyablement utile pour les fumeurs adultes qui essaient d'arrêter.
Dans l'ensemble, on devrait s'attendre à mieux de la part d'Ottawa, et la taxe sur la bière sans alcool est un autre exemple d'erreur. Espérons que, dans le budget de 2022, ils pourront corriger cette erreur et supprimer entièrement la taxe d'accise sur ces produits.
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