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Les politiques basées sur la réduction des méfaits sont connues pour réduire l'incidence des surdoses, les taux de transmission des maladies et réduire la présence du crime organisé, écrit Heather Bone.

Lorsque le gouvernement canadien a présenté une loi visant à légaliser le cannabis, le raisonnement était clair : le Canada abandonnerait un modèle d'interdiction afin, selon les mots de la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, de « protéger les jeunes contre les risques pour la santé et la sécurité du cannabis et de garder ces mêmes criminels de profiter de sa production, de sa distribution et de sa vente. Cette politique a été judicieusement guidée par une philosophie de réduction des méfaits, qui vise à réduire les dangers associés à l'usage de drogues, sans attendre que les gens abandonnent leur habitude. Les politiques basées sur la réduction des méfaits sont connues pour réduire l'incidence des surdoses, les taux de transmission des maladies et la présence du crime organisé, c'est pourquoi l'approche est promue par les principaux organismes de santé, y compris l'Association canadienne pour la santé mentale. Cependant, les politiciens aux niveaux fédéral, provincial et municipal du gouvernement n'ont pas réussi à étendre cette approche et à adopter des politiques axées sur la réduction des méfaits plus largement, et ont parfois complètement pris la direction opposée.

Prenons la question de la décriminalisation : les membres du Parti libéral ont voté massivement en faveur de la dépénalisation de toutes les drogues lors de leur dernier congrès politique en avril, y compris les drogues dures comme la cocaïne et l'héroïne. Cette politique s'est avérée efficace au Portugal, où le nombre annuel de décès liés à la drogue a diminué de près de 28 % entre 1999 (lorsque la drogue a été décriminalisée) et 2006. De plus, en traitant la consommation de drogue comme un problème de santé publique plutôt que comme un crime, le Portugal a vu les taux de VIH chez les toxicomanes chuter de plus de 50 %. Malgré cela, le premier ministre Justin Trudeau a réitéré son intention de maintenir le statu quo. En raison de cette inaction, la crise des opioïdes continuera de faire des ravages dans la vie des Canadiens. Selon l'Agence de la santé publique du Canada, il y a eu environ 4 000 décès apparemment liés aux opioïdes en 2017, soit près de 1 000 de plus que l'année précédente. Sans un changement de politique gouvernementale, le nombre de vies réclamées par l'épidémie d'opioïdes continuera d'augmenter.

Les sites d'injection sécuritaires ont également été fortement politisés. Ces installations offrent un environnement hygiénique permettant aux utilisateurs de drogues récréatives de consommer des drogues intraveineuses sous la supervision de professionnels de la santé. La surveillance des consommateurs de drogues est cruciale, car l'Agence de la santé publique du Canada estime que 92 % des décès causés par les opioïdes sont accidentels. Des études montrent que les sites d'injection sécuritaires réduisent les taux de surdose, facilitent l'accès au traitement et réduisent les taux de transmission des maladies à diffusion hématogène telles que le VIH. Un site à London, en Ontario, par exemple, a renversé 37 surdoses et orienté plus de 180 personnes vers un traitement depuis son ouverture. Malheureusement, en Ontario, le gouvernement PC a récemment augmenté les formalités administratives associées à l'exploitation d'un site, notamment en soumettant les sites à des vérifications aléatoires et en augmentant les exigences en matière de rapports. La province a plafonné le nombre de sites d'injection à 21 et n'autorisera pas les sites éphémères à fonctionner. Actuellement, 19 sites fonctionnent, ce qui limite le potentiel de nouveaux emplacements et introduit la possibilité que les communautés se font concurrence.

Pour aggraver les choses, la nature bilatérale de la politique antidrogue au Canada s'étend bien au-delà des drogues illégales. L'utilisation de vaporisateurs, qui sont largement considérés à la fois comme un mécanisme de réduction des dommages et une aide au sevrage, est de plus en plus attaquée. Contrairement aux cigarettes traditionnelles, les appareils de vapotage ne contiennent pas de tabac ni aucune forme de combustion, ce qui conduit au cancer chez les fumeurs de cigarettes. Le Centre de toxicomanie de l'Université de Victoria rapporte que les produits de vapotage ne contiennent que 18 substances toxiques, comparativement aux 79 que l'on trouve dans les cigarettes. Il est important de noter que les appareils de vapotage ne fournissent pas non plus de goudron. Pour cette raison, Public Health England et la British Medical Association ont conclu que les fumeurs devraient être encouragés à passer au vapotage, car il est 95 % moins nocif que le tabagisme.

Malgré ces preuves, la loi fédérale impose des restrictions sur la manière dont les entreprises de vapotage peuvent faire la publicité de leurs produits auprès des fumeurs et leur interdit d'étiqueter correctement leur produit comme un outil de réduction des méfaits ou une aide possible pour arrêter de fumer. Au niveau provincial, huit provinces ont une législation supplémentaire sur la cigarette électronique, parmi lesquelles seule l'Ontario autorise la promotion des produits. Même certains gouvernements municipaux, comme la ville de Halifax et la ville de Port Albert, ont ciblé l'utilisation de la cigarette électronique avec des règlements anti-vapotage qui traitent les produits de vapotage de la même manière que les cigarettes traditionnelles.

La réduction des risques est un cadre pragmatique, mais elle nécessite un changement radical de mentalité. Cela part de l'hypothèse réaliste que la criminalisation n'est pas un mécanisme de dissuasion efficace et repose sur la conviction que les individus ne devraient pas être punis pour des crimes contre leur propre corps. Les preuves sont claires : la guerre contre la drogue fait des morts et les approches de réduction des méfaits sont la solution. Pour réduire les méfaits associés à la consommation de drogue, les gouvernements devraient appliquer plus largement la même logique à la légalisation du cannabis.

Heather Bone est chercheuse au Consumer Choice Centre et étudiante au doctorat en économie à l'Université de Toronto.

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