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En novembre 2020, la « European Round Table on Climate Change » a accepté un document sur le concept de taxe carbone prélevée à la frontière, également connu sous le nom de taxe carbone. Il est maintenant largement entendu que l'UE envisage de mettre en œuvre un nouveau régime de taxes carbone dans le cadre de sa stratégie écologiste globale. 

En termes simples, il s'agit de taxes sur les marchandises provenant de pays qui ne respectent pas le niveau de protection environnementale de l'UE. Leur principal objectif est d'éviter les fuites de carbone, c'est-à-dire le déplacement des entreprises vers des pays qui n'imposent pas de coûts sur le carbone.

Le problème, avant tout, est que les droits de douane sont des taxes payées par les consommateurs nationaux, ce qui signifie que ce sont les consommateurs européens qui vont payer la facture en raison de l'augmentation du prix des produits internationaux. À l'heure où l'Europe tout entière attend la fin de la pandémie et l'inquiétante reprise économique qui s'ensuivra, un ajustement du prix du carbone qui gonflera les prix serait pour le moins gênant.

Les partisans de cette politique soutiendront qu'un ajustement aux frontières aura l'avantage d'encourager les exportateurs à fortes émissions à assainir leurs pratiques et de profiter ainsi à l'industrie européenne. L'idée est que si les produits étrangers deviennent plus chers, les produits européens deviendront moins chers.

Pour ce qui est d'amener les pays à fortes émissions à respecter les normes européennes en matière de climat, il est naïf de penser que les pays en développement peuvent satisfaire à ces critères. Comme de nombreux acteurs de la politique de développement l'ont défini à juste titre, le monde développé s'est propulsé vers son statut actuel en se concentrant d'abord sur la croissance, ce qui permet aujourd'hui à l'Europe de s 'offrir le luxe d'adopter des politiques de protection de l'environnement. De ce fait, il est peu probable de voir les pays en voie de développement avoir la capacité, à court et moyen terme, de créer les infrastructures nécessaires pour répondre aux normes européennes.

Cela signifie que l'ajustement ne sert qu'à faire pencher la balance en faveur de l'industrie nationale. Si ce changement peut sembler positif pour certains, les tarifs douaniers imposés sous l'administration Trump nous donnent une étude de cas sur les impacts négatifs de ces sanctions douanières. Si l'objectif politique de Trump était d'une toute autre nature, il est important d'observer les impacts d'une hausse des tarifs douaniers sur la population et l'industrie.

Pour les machines à laver, les tarifs douaniers de Trump étaient de 20 % sur les 1,2 million premières unités importées, puis 50 % pour toutes les unités importées au-delà de ce montant. Il en a résulté une augmentation de 12 % du prix des machines à laver et des sèche-linge importés, qui, bien que non taxés, sont souvent vendus par paire. 

Malheureusement, les consommateurs ont également dû faire face à des prix plus élevés pour les lave-linge nationaux, en grande partie parce que les producteurs nationaux ont pu augmenter leurs prix à mesure que les prix de leurs concurrents augmentaient. Pour les consommateurs, le résultat final de cette politique a été une augmentation des prix d'environ 88 dollars par machine, ce qui a représenté une inflation totale des prix de 1,56 milliards de dollars, générant 82,2 millions de dollars de recettes tarifaires.

Les partisans des droits de douane pourraient faire valoir, comme l'a fait M. Trump, que même si les consommateurs payaient plus cher les produits importés, et ironiquement les produits nationaux aussi, cette politique eu pour effet positif de l'industrie nationale et de créer des emplois. C'est effectivement vrai, la politique a créé des emplois dans le secteur manufacturier aux États-Unis, environ 1800 nouveaux postes. Le problème est que ces emplois ont eu un coût énorme pour les consommateurs américains, à tel point que ces derniers ont payé 811 000 dollars de prix supplémentaires par emploi créé. Ce chiffre est loin de correspondre à un bon résultat-bénéfice.

Nous ne savons pas quel serait le taux de l'ajustement carbone, mais il est probable que, conformément aux règles de l'OMC, il devrait répondre aux taux actuellement appliqués par cette nation européenne. Si le tarif du carbone devait correspondre à la taxe carbone nationale française de 44,81 euros par tonne d'émissions de carbone, l'impact d'un ajustement carbone serait significatif. Si l'on reprend les chiffres du fiasco des lave-linges de Trump et qu'on les applique à tous les produits importés en Europe depuis des pays à fortes émissions, la facture que les consommateurs devraient payer serait tout simplement astronomique.

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