Pourquoi les premiers ministres tardent-ils autant à suivre l’exemple de Houston ?

Il ne devrait pas falloir des semaines pour copier les devoirs d’un enfant intelligent.

Il y a six semaines, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a établi un nouveau modèle en déposant un projet de loi visant à supprimer les barrières commerciales interprovinciales. Pourtant, six semaines plus tard, seul le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Rob Lantz, a imité les travaux de Houston et a emboîté le pas.

Les Canadiens se demandent à juste titre : pourquoi les autres premiers ministres mettent-ils autant de temps à agir ?

Depuis que le président américain Donald Trump a menacé d'imposer des tarifs douaniers massifs sur les exportations canadiennes vers les États-Unis à la fin de l'année dernière, les premiers ministres du Canada ont beaucoup parlé de la suppression des barrières commerciales interprovinciales.

Certains lecteurs pourraient être choqués d’apprendre que les provinces canadiennes peuvent commercer plus librement avec plus d’une douzaine d’autres pays qu’entre elles.

En effet, bien que le Canada ait conclu des accords de libre-échange complets avec de nombreux autres pays, son accord de libre-échange intérieur comporte plus de lacunes qu'un morceau de gruyère. L'Accord de libre-échange canadien, qui régit le commerce intérieur, comporte plus de 400 exceptions. Le commerce intérieur canadien est donc loin d'être libre et équitable. Une étude du FMI suggère que les barrières commerciales intérieures canadiennes équivalent à un tarif douanier de 211 TP3T sur les biens échangés à l'intérieur des frontières canadiennes. Étant donné que 771 TP3T des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis, la menace de tarifs douaniers de Trump, mise à exécution depuis, a incité les premiers ministres canadiens à déclarer qu'il était enfin temps de parvenir à un commerce véritablement libre et équitable au Canada.

Pourtant, cinq mois après les premières menaces de Trump, seuls Houston et Lantz ont agi sur le front du libre-échange intérieur. En février dernier, Houston a déposé un projet de loi sur le commerce réciproque à l'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. En substance, ce projet de loi stipule que la Nouvelle-Écosse abandonnera toutes les barrières commerciales avec une autre province si celle-ci adopte la même approche.

Le projet de loi prévoit deux choses essentielles. Premièrement, il stipule que tout bien fabriqué et produit dans une autre province dotée d'une législation sur le commerce réciproque sera traité par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse de la même manière que tout bien produit localement. Deuxièmement, il stipule que tout fournisseur de services dûment agréé ou certifié dans une autre province dotée d'une législation sur le commerce réciproque sera reconnu comme agréé ou certifié en Nouvelle-Écosse.

Cela signifie que tous les frais sur les biens fabriqués dans une autre province et entrant en Nouvelle-Écosse seront éliminés et que toute entreprise fournissant des services provenant d'une autre province pourra le faire sans avoir à obtenir une nouvelle licence ou une nouvelle certification.

En ce qui concerne l'amélioration de la position du Canada en matière de libre-échange intérieur, la législation de Houston est tout simplement révolutionnaire. Houston a déposé son projet de loi le 25 février.

Depuis lors, seule l’Île-du-Prince-Édouard a déposé un projet de loi similaire.

La loi de Houston a le potentiel d'instaurer un véritable libre-échange au Canada sans intervention d'Ottawa. La structure réciproque de la loi signifie que n'importe quelle autre province canadienne peut déposer le même projet de loi et instaurer instantanément le libre-échange et la libre circulation dans ses relations commerciales avec la Nouvelle-Écosse.

Pourquoi les huit autres provinces du Canada n’ont-elles pas agi?

Il est inutile d'attendre Ottawa. Le Canada est actuellement en pleine élection fédérale, qui durera jusqu'à la fin du mois. Et d'ici à ce qu'un nouveau gouvernement prête serment et que de nouveaux députés siègent à la Chambre des communes, il pourrait être tard dans le printemps.

Mais les tarifs douaniers de Trump sont désormais là.

De plus, ce sont les provinces, et non le gouvernement fédéral, qui doivent abattre les barrières commerciales intérieures du Canada. Les provinces n'ont pas besoin d'Ottawa. Il leur suffit de présenter et d'adopter la même loi que celle proposée par Houston en Nouvelle-Écosse.

Il est temps que les premiers ministres du Canada prennent les choses au sérieux. Des études ont démontré que l'impact économique positif de l'élimination des barrières commerciales intérieures du Canada pourrait compenser l'impact négatif des tarifs douaniers imposés par Trump.

Si les politiciens veulent protéger les emplois et la croissance économique du Canada, nous devons être maîtres chez nous.

Et cela commence par l’élimination des barrières commerciales interprovinciales.

Les autres premiers ministres du Canada doivent se mobiliser, prendre les choses au sérieux et présenter le projet de loi de Houston à leurs provinces respectives. Il est temps de parvenir à un véritable libre-échange réciproque au Canada sans attendre plusieurs mois supplémentaires en espérant qu'Ottawa prenne l'initiative.

Publié à l'origine ici

Partager

Suivre:

Autres succès médiatiques

Abonnez-vous à notre newsletter