Pourquoi le Massachusetts ignore-t-il les meilleurs moyens de réduire le tabagisme ?

Le Massachusetts n'a jamais hésité à être à la pointe des initiatives de santé publique au niveau national, mais lorsqu'il s'agit de politique antitabac, l'État risque de s'éloigner des solutions fondées sur des preuves...

Un projet de loi, actuellement à l'étude, interdirait à toute personne née après le 1er janvier 2006 d'acheter des produits contenant de la nicotine. Présenté comme une initiative visant à instaurer une « génération sans nicotine », ce texte ambitionne d'éliminer progressivement le tabagisme en interdisant l'accès légal aux jeunes générations. Si l'objectif peut paraître louable de prime abord, la mise en œuvre concrète de ce type de politique est préoccupante.

En plus de la législation fédérale déjà en vigueur, le Massachusetts a été l'un des premiers États à relever à 21 ans l'âge légal pour l'achat de tabac et de produits nicotinés. Cette politique s'appuyait sur des données de santé publique et sur le principe de la liberté individuelle : les jeunes adultes peuvent légalement faire leurs propres choix, mais l'accès des jeunes à ces produits est limité. Par ailleurs, l'État a interdit les produits du tabac aromatisés et les produits de vapotage, une mesure visant à limiter davantage la consommation chez les adolescents. Cependant, cette interdiction n'a pas éliminé la demande des adultes ; elle a simplement poussé les consommateurs vers le marché illicite ou vers d'autres États.

Le groupe de travail de l'État sur le tabac illégal a constaté une augmentation du trafic et des interventions policières suite à l'entrée en vigueur de l'interdiction des arômes. Parallèlement, les commerces de proximité et les petits détaillants ont subi des pertes tandis que le marché noir prospérait. De toute évidence, les vendeurs illicites échappent à la réglementation des produits et aux contrôles d'âge.

L'interdiction générationnelle reproduirait ces erreurs à plus grande échelle. La prohibition n'élimine jamais la demande, elle ne fait que la déplacer. Les jeunes adultes continueront de se procurer des produits nicotinés. La différence, c'est qu'ils les trouveront dans les États voisins ou au coin des rues plutôt que dans des magasins réglementés. Le Massachusetts n'est pas une île, et les bonnes intentions ne garantissent pas une politique efficace.

La Nouvelle-Zélande avait instauré une interdiction similaire, interdisant la transmission intergénérationnelle des enfants, avant de l'abroger rapidement face à une forte opposition et aux craintes de pertes de recettes fiscales. La Malaisie a également renoncé à sa version de cette politique. Même le projet britannique a suscité une vive résistance, notamment parmi les électeurs qui le perçoivent comme une atteinte arbitraire et abusive aux libertés individuelles.

L'objectif de cette loi est que, dans quelques décennies, deux personnes de 50 ans puissent entrer dans le même magasin de proximité du Massachusetts, mais que celle née en janvier 2006, par opposition à celle née en décembre 2005, se voie interdire l'achat de produits contenant de la nicotine. Personne ne trouve cela vraiment logique.

Il existe également une incohérence flagrante concernant d'autres comportements à risque. À 21 ans, les adultes du Massachusetts peuvent légalement consommer de l'alcool, jouer au casino ou consommer des produits à base de cannabis. Or, selon cette proposition, si l'on se trouve en 2036, une personne de 30 ans pourrait légalement fumer du cannabis, mais pas acheter de sachets de nicotine.

Parallèlement, des conseils de santé locaux non élus, à travers le Massachusetts, ont déjà tenté d'imposer leurs propres ordonnances « Génération sans nicotine », ce à quoi les électeurs se sont opposés. Si les législateurs de l'État du Massachusetts représentent véritablement la volonté de leurs électeurs, ils devraient prendre ce signal au sérieux.

Cette idée reçue a la vie dure, mais la nicotine n'est pas responsable du cancer ni des décès liés au tabagisme. Les études le démontrent régulièrement : la nicotine n'est pas cancérigène, et les méfaits du tabac proviennent des milliers d'autres substances chimiques présentes dans la fumée. C'est pourquoi il existe des alternatives à la nicotine comme les cigarettes électroniques, les sachets et les produits à tabac chauffé, dont beaucoup ont reçu l'agrément de produit du tabac à risque modifié (MRTP) de la FDA. Ce sont des outils de réduction des risques, et ils sont efficaces.

Si nous voulons réduire le tabagisme, les maladies et les décès qui y sont liés, nous devons encourager les alternatives au tabac, et non les interdire. Prenons l'exemple de la Suède : ce pays a maintenu des taxes faibles sur les substituts nicotiniques et autorisé une large gamme d'arômes. Le taux de tabagisme a chuté de 55 % en dix ans. Aujourd'hui, la Suède affiche le taux de mortalité liée au tabagisme le plus bas d'Europe et est en passe de devenir le premier pays sans tabac de l'UE.

Le Massachusetts, en revanche, semble plus enclin à reproduire ses erreurs passées qu'à tirer les leçons des réussites internationales. L'interdiction du tabac aromatisé n'a pas fonctionné, et une interdiction intergénérationnelle n'en fonctionnera pas davantage.

Publié à l'origine ici

Partager

Suivre:

Autres succès médiatiques

Abonnez-vous à notre newsletter