La prise de position anti-pot de la CAQ ne manquera pas de nuire aux consommateurs et aux citoyens du Québec.
Le nouveau premier ministre du Québec François Legault de la Coalition Avenir Québec dit vouloir mettre plus d'argent dans les poches des Québécois.
Et maintenant que la CAQ a le mandat d'un gouvernement majoritaire, ses paroles se transformeront bientôt en actes.
Legault et la CAQ ont déjà déclaré qu'ils veulent un plus grand rôle pour le secteur privé dans les soins de santé et veulent éliminer la bureaucratie. En plus de cela, ils veulent réduire les impôts à tous les niveaux.
De plus, la CAQ a mis en demeure la Société des alcools du Québec (SAQ), affirmant que l'agence d'État «profite de son statut de monopole pour profiter des consommateurs», et le moment est venu de le privatiser.
Chacune de ces propositions représente des opportunités historiques pour les consommateurs et les entrepreneurs.
Mais en ce qui concerne le cannabis, qui a été légalisé mercredi à l'échelle nationale, la CAQ a tort. Leur position anti-pot ne manquera pas de nuire aux consommateurs et aux citoyens du Québec.
Les lois les plus restrictives
Comme le Globe and Mail détaillé la semaine dernière, le Québec aura les lois les plus restrictives au pays lorsque le cannabis sera légalisé.
Dans le réglementation sur le cannabis adoptée par le précédent Parti libéral du Québec, les consommateurs du Québec se verront interdire de cultiver la plante à la maison et n'auront le choix que de 25 magasins à travers la province, dont seulement quatre à Montréal. Encore plus, les prix seront fixés par la nouvelle SQDC et les clients ne seront autorisés à avoir que 150 grammes de cannabis séché à la maison. L'Ontario, par contre, ouvrira 40 magasins d'ici juillet 2019, permettant aux consommateurs de acheter en ligne en attendant. En Saskatchewan, jusqu'à 60 permis seront distribués aux détaillants privés. Manibota est la seule autre province interdire la culture domestique.
La CAQ a voté contre le plan provincial des libéraux en juin et ont indiquéils veulent encore plus de réglementations, notamment une interdiction de consommation publique et une limite d'âge à 21 ans.
Pour Legault et la CAQ, la « marchandisation » du cannabis est une mauvaise idée que le Québec a été forcé d'accepter.
Cela dit, l'opinion acerbe de la CAQ sur le cannabis fera-t-elle en sorte que le Québec soit à la traîne dans le boom économique vert?
Une économie à la fois verte et forte
En 2019, le marché du cannabis est devrait atteindre $1 milliard, représentant un quart du total national.
Cela représente non seulement des millions de revenus supplémentaires pour la province via les taxes, mais aussi une invitation à l'innovation pour des centaines d'entrepreneurs et d'innovateurs qui sauront répondre à la nouvelle demande de la population. Cela signifiera plus d'investissements et plus d'emplois dans l'ensemble de l'économie. Les magasins de cannabis auront besoin de biens et de services qu'ils recevront du marché, et toutes les entreprises qui les entourent en bénéficieront. C'est un scénario gagnant-gagnant.
C'est donc une réalité qui ne se concrétisera que si nous avons un gouvernement qui nous propose des lois simples, efficaces et propices au nouveau marché du cannabis.
Le problème avec un régime de loi sur le cannabis restrictif est simple : plus il est restrictif, plus les consommateurs sont susceptibles de rester sur le marché noir pour acquérir le produit. Selon Deloitte, seulement 47 % des Québécois avoir l'intention de même utiliser le marché légal du cannabis. La majorité sera toujours sur le marché noir, loin des réglementations gouvernementales et de l'autorité fiscale.
Est-ce le grand plan de la CAQ? Nous espérons que non.
La légalisation du cannabis au Canada est une occasion historique de démontrer notre capacité à être un pays innovateur, intelligent et entreprenant doté de politiques publiques saines et efficaces.
C'est le message économique que la CAQ a voulu envoyer aux électeurs lors de la dernière élection. S'ils veulent continuer à arborer ce drapeau, ils devront s'ouvrir aux merveilles du cannabis.
Yaël Ossowski est journaliste économique et directrice adjointe du Consumer Choice Center.