Du patient au consommateur : l'avenir prometteur du consumérisme préventif

Bonne nouvelle : les taux d’obésité diminuent grâce aux nouveaux traitements anti-obésité à base d’agonistes du GLP-1. Le diabète de type 2 peut être combattu. Comment surmonter les obstacles actuels à la production et à l’accès aux soins pour les patients, qu’il s’agisse de l’observance du traitement, du prix ou de la difficulté à trouver un médecin prescripteur ?

J'ai écouté l'excellent podcast d'interview de Dave Ricks, PDG d'Eli Lilly, animé par les fondateurs de Stripe. C'est une analyse approfondie de deux heures, très intéressante, du fonctionnement de l'industrie pharmaceutique et de la manière dont la fixation des prix (et les remises obligatoires qui en découlent) faussent le marché des médicaments.

Ricks souligne que les patients payant comptant sont généralement perdants dans un système optimisé pour avantager au maximum les organismes publics comme Medicare et Medicaid. Au final, ce sont les consommateurs qui paient le prix fort. C'est comme entrer dans un hôtel à Times Square le 31 décembre et payer le tarif affiché pour une chambre (celui, absurde, que l'on voit à l'intérieur de la chambre, mais jamais sur Expedia).

Il aborde également la stratégie d'Eli visant à maintenir des effectifs stables malgré une croissance à deux chiffres du chiffre d'affaires, en privilégiant les investissements dans de nouvelles machines et des essais cliniques. Il précise ensuite que seuls les emplois liés à la production de GLP-1 connaissent une croissance linéaire.

Cela m'a un peu surpris. Ricks n'aborde absolument pas le facteur pourtant essentiel et intéressant qu'est la demi-vie du GLP-1. Il y a à peine vingt ans, le GLP-1 ne survivait que quelques minutes dans notre organisme. Nous avons fait un bond considérable (et c'est un bond énorme !) en passant de quelques minutes à une semaine pour la demi-vie du GLP-1. Cela représente une augmentation de 200 000 µg/L, soit de cinq minutes à 10 000 minutes !

Lors du sommet FT Biotech 2024 à Londres, j'ai été enthousiasmé par l'intervention de Clive Meanwell, fondateur de Metsera et de Population Health Partners. Son optimisme quant à la possibilité de résoudre les problèmes d'approvisionnement en augmentant la demi-vie du GLP-1 plutôt que de construire de nouvelles usines et d'investir massivement m'a profondément touché. Les essais prometteurs de Metsera pour un médicament dont la durée d'action dans l'organisme atteint un mois ont conduit à son rachat par Pfizer pour 100 milliards de dollars. Augmenter la demi-vie permettrait de quadrupler le nombre de patients traités au GLP-1 sans investir un seul dollar supplémentaire dans de nouvelles installations de production. Cela améliorerait probablement aussi considérablement l'observance thérapeutique. Et il ne s'agit là que d'une augmentation de 400 milliards de dollars, un progrès minime comparé aux avancées des vingt dernières années.

Passer d'un mois à six mois ne représente qu'une simple augmentation. Si deux injections par an suffisent, nous pourrions assister à une véritable transformation en matière de conformité et à une forte pénétration du vaccin. Les coûts, naturellement, diminueront également, ce qui est essentiel pour faire baisser davantage les prix (bien que nous ayons déjà constaté cette année une spirale descendante des prix bénéfique pour les consommateurs).

À un moment donné, il faudra peut-être se poser la question suivante : disposons-nous de données suffisantes sur l’innocuité de ces médicaments pour pouvoir nous passer d’un médecin dont le salaire annuel atteint 500 000 $ pour nous les prescrire ? Nous pourrions transformer ces médicaments en produits de consommation courante, comme le paracétamol. Les ressources limitées du système de santé devraient être consacrées aux interventions chirurgicales, aux soins contre le cancer et aux maladies rares. En faisant payer un petit montant aux patients pour éviter des dépenses importantes (oui, l’obésité et le diabète représentent une part importante de nos dépenses de santé), les médecins et les organismes payeurs pourront se concentrer sur les maladies que nous ne pouvons pas encore prévenir.

D'ici la fin de la décennie, lutter contre l'obésité pourrait se résumer à une simple injection annuelle, comme pour la vaccination contre la grippe. La médecine préventive a le potentiel de devenir enfin la solution miracle, synonyme d'économies, accessible à tous, à tous les moyens de se la procurer et à tous les consommateurs !

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