Pesticidi: il problema delle norme europee

Le rapport sur la contamination de l’eau potable du Québec par le glyphosate, un pesticide bien connu, a fait grand bruit dans toute la province. Selon Vigilance OGM, la population devrait s’inquiéter des résidus de glyphosate, mais l’organisation a suscité de la controverse en se basant sur les normes européennes et non canadiennes.

Le Courrier de Saint-Hyacinthe a déjà publié une réponse des institutions le 27 novembre, il n’est donc pas nécessaire que je réexplique que les niveaux de glyphosate testés étaient bien inférieurs aux normes réglementaires du Règlement sur la qualité de l’eau potable. Ce qui est toutefois important pour les consommateurs, c’est de comprendre ce chiffre : « 20 fois la norme européenne de qualité de l’eau potable », ce sont les niveaux de glyphosate testés dans l’eau potable du Québec, selon cet organisme non gouvernemental (ONG). Pourquoi, les gens sont en droit de se demander, des seuils considérés comme toxiques pour les consommateurs européens sont-ils acceptables pour les Québécois?

C’est parce que l’Europe adopte une approche différente en matière de réglementation de la sécurité alimentaire. C’est le seul bloc réglementaire au monde qui applique systématiquement le « principe de précaution » à sa réglementation alimentaire. En substance, ce principe impose de restreindre tout ce qui pourrait être nocif pour les personnes et l’environnement, sans que cela ait été prouvé. Le mot « pourrait » est important ici, car il s’agit d’une application théorique du préjudice, et non d’une application prouvée du risque.

Je travaille depuis six ans sur la politique réglementaire agricole en Europe, et il est important de comprendre ce qui semble être une distinction subtile. Permettez-moi de vous donner un exemple.

Au début de l’année 2021, plusieurs États membres de l’Union européenne ont restreint l’utilisation du vaccin AstraZeneca contre la COVID-19 en raison de quelques cas isolés de caillots sanguins chez des patients. Ces pays, dont l’Allemagne et la France, ont suspendu la mise à disposition du vaccin à titre de « mesure de précaution », alors que les effets secondaires des vaccins ont toujours existé et étaient prévisibles. C’est là le manque de clairvoyance de l’approche de précaution : si elle a permis d’éviter la formation de caillots sanguins chez un nombre très limité de patients, elle a également empêché des milliers de patients d’avoir accès à la protection offerte par le vaccin contre la COVID. Le principe de précaution ne tient pas compte des compromis, mais met en place plutôt un niveau de sécurité arbitraire.

C’est cette même approche préventive qui explique pourquoi l’Europe n’utilise toujours pas de cultures génétiquement modifiées, comme le génie génétique ou les méthodes communément appelées OGM, malgré des années d’évaluations de sécurité menées par d’autres juridictions, le fait que les organismes scientifiques européens appellent à leur légalisation et le fait que l’Europe ait désespérément besoin de davantage de variétés de cultures pour résister aux changements climatiques.

Il y a quelques années, une ONG allemande a publié un rapport révélant la présence de résidus de glyphosate dans la bière. C’était effectivement le cas, mais cela a provoqué un tel tollé que le gouvernement allemand a dû publier un complément d’information important : pour que cette concentration de glyphosate soit réellement nocive, il faudrait boire 1000 litres de bière par jour.
Je pense que l’approche canadienne est plus sensée. Il faut analyser si la concentration de glyphosate dans l’eau potable est réellement nocive pour la santé humaine, puis fixer des critères scientifiquement fondés qui sont appliqués de manière cohérente. L’approche européenne est punitive et rend la vie des agriculteurs difficile. L’Union européenne élabore actuellement des mesures de simplification pour les agriculteurs, qui visent à réduire les contrôles environnementaux et à alléger les charges administratives. Nous ne faisons pas cela parce que nous voulons empoisonner les consommateurs, mais parce que le problème avec la précaution, c’est qu’on peut en abuser.

Les agriculteurs utilisent des pesticides non pas parce qu’ils ont de mauvaises intentions, mais parce que les espèces envahissantes sont en augmentation, parce que les mauvaises herbes font concurrence aux cultures pour l’eau et la lumière du soleil, et parce qu’elles transmettent des agents pathogènes fongiques qui peuvent avoir de graves conséquences sur la santé. Si nous voulons protéger la santé et le pouvoir d’achat des consommateurs, nous devons rester réalistes et appliquer la méthode scientifique.

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