Partout au Canada, les dirigeants ont fait de beaux discours sur l'élimination des barrières commerciales interprovinciales. Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, joint le geste à la parole. Il ne peut y avoir…
Il n'y a aucun doute là-dessus : les barrières commerciales interprovinciales freinent l'économie canadienne. Les règles et les règlements qui entravent la libre circulation des biens, des services et des travailleurs d'une province à l'autre coûtent à notre économie plus de 1 500 milliards de dollars par année.
Alors que le président américain Donald Trump promet d'imposer dès la semaine prochaine des droits de douane massifs qui dévasteraient l'économie canadienne, il n'a jamais été aussi clair que nous devons développer nos échanges commerciaux nationaux et stimuler l'activité économique à l'intérieur de nos frontières.
Entrez à Houston.
Lors d'un arrêt de campagne en soutien à la candidature à la réélection du premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, Houston a annoncé son intention de déposer un projet de loi intitulé Loi sur le libre-échange et la mobilité à l'intérieur du Canada à l'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse.
La législation adopterait une approche réciproque en matière d'obstacles au commerce : selon Houston, la Nouvelle-Écosse éliminera tout obstacle au commerce avec une autre province, pourvu que cette autre province fasse de même.
Autrement dit, tant qu'une autre province sera disposée à lever ses barrières commerciales et à permettre aux biens, aux services et aux travailleurs de la Nouvelle-Écosse de circuler librement à travers ses frontières, la Nouvelle-Écosse fera de même.
Les barrières commerciales internes du Canada équivalent désormais à un tarif douanier en vertu de l'article 21%. Il est essentiel de les éliminer.
La nouvelle loi proposée par Houston pourrait bouleverser l'économie canadienne. Une fois adoptée par la Nouvelle-Écosse, cette loi obligera les autres provinces à faire de même : si elles souhaitent un meilleur accès au marché néo-écossais, il leur suffira de supprimer leurs propres barrières commerciales.
Par le passé, les provinces ont hésité à supprimer les barrières commerciales pour plusieurs raisons. L'une d'elles est que même si une province supprime une barrière commerciale, rien ne garantit que les autres provinces qui bénéficient de cette suppression feront de même.
Le projet de loi de Houston obligerait la Nouvelle-Écosse à appliquer la réciprocité aux mesures prises par toute autre province, offrant ainsi la garantie qu'un geste de bonne volonté ne restera pas sans contrepartie.
Le projet de loi pourrait avoir un effet domino. L’Ontario, par exemple, pourrait constater les avantages d’échanges commerciaux réciproques avec la Nouvelle-Écosse et décider d’adopter une loi similaire afin de faciliter davantage d’échanges commerciaux réciproques avec d’autres provinces.
En incitant les politiciens à s'aligner sur les mesures prises par leurs homologues en faveur d'un commerce plus libre, on leur évite de devoir faire preuve d'une foi aveugle lorsqu'ils s'opposent aux groupes d'intérêts particuliers et qu'ils lèvent les barrières commerciales.
La décision de Houston intervient à un moment critique. Trump menace d'imposer des droits de douane punitifs et généralisés dès la semaine prochaine. Le Canada doit tout mettre en œuvre pour renforcer son économie nationale afin d'atténuer les répercussions de ces droits de douane.
Les exportations représentent plus du tiers du PIB canadien et 771 040 milliards de dollars de ces exportations sont destinés aux États-Unis. Il est difficile d'exagérer l'impact dévastateur que des tarifs douaniers américains auraient sur l'économie canadienne.
C’est pourquoi le renforcement du commerce intérieur, de concert avec la croissance des exportations canadiennes vers des marchés autres que les États-Unis, sera crucial dans les mois à venir.
Contrairement aux échanges avec d'autres pays, qui nécessitent la négociation d'accords bilatéraux complexes, les barrières commerciales internes au Canada pourraient être éliminées dès demain. Il ne manque que la volonté de concrétiser ce changement.
Houston démontre qu'il est possible d'éliminer rapidement les barrières commerciales internes. Par une simple loi, Houston jette les bases de la suppression des barrières commerciales de la Nouvelle-Écosse avec les autres provinces, pourvu qu'elles fassent de même.
Les gouvernements provinciaux de tout le pays devraient suivre l'exemple de Houston, adopter une législation réciproque en matière de commerce intérieur et libérer le véritable potentiel de l'économie intérieure canadienne.
Les barrières commerciales interprovinciales freinent le Canada à un moment où il ne peut absolument pas se le permettre. Les premiers ministres provinciaux et provinciaux devraient adopter le plan de Houston pour y remédier.
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