Le chef libéral Mark Carney veut prouver qu'il est centriste. En mettant fin aux politiques impopulaires de l'ère Trudeau, comme la hausse de l'impôt sur les gains en capital et la taxe sur le carbone à la consommation, Carney vise clairement le centre politique.
Si Carney veut vraiment faire croire aux consommateurs canadiens qu'il a évolué vers le centre, il est temps que les libéraux adoptent des politiques fondées sur des données probantes. Cela implique notamment de s'éloigner de l'approche du gouvernement précédent concernant les sachets de nicotine.
L'ancien ministre de la Santé Mark Holland a interdit certaines saveurs de sachets de nicotine et limité la vente de sachets qui sont encore autorisés à la vente se fait derrière les comptoirs des pharmacies.
Du point de vue de la réduction des risques, ces mesures n’ont aucun sens.
Premièrement, les décideurs politiques devraient encourager les fumeurs à abandonner la cigarette au profit de produits de sevrage comme les sachets de nicotine. Si l'ajout d'arômes encourage cette transition, il est tout simplement absurde de l'entraver.
De plus, Nicorette, un autre produit de sevrage tabagique, est disponible sous forme de gommes, de pastilles et de sprays et offre une variété de saveurs, notamment la menthe, les fruits frais, les baies fraîches et la menthe verte douce.
Pourquoi autoriser Nicorette à se décliner en toutes sortes de saveurs, mais interdire la plupart de ces saveurs pour les sachets ? L'Agence fédérale américaine des médicaments (Federal Drug Administration) a judicieusement pris la décision. opposé approche et approuvé 20 saveurs de sachets de nicotine.
Deuxièmement, en vertu des règles actuelles, les gens peuvent toujours acheter des cigarettes dans pratiquement tous les magasins de quartier et stations-service, mais ils doivent se rendre dans une pharmacie pour acheter un produit qui aide réellement les fumeurs à arrêter de fumer et réduit considérablement les risques pour les utilisateurs.
Pourquoi autoriser la vente de cigarettes dans les stations-service et les magasins de proximité, mais pas de sachets de nicotine ?
Il est important de se rappeler que c'est la combustion du tabac, et non la nicotine, qui a un impact aussi néfaste sur la santé des Canadiens. Si les consommateurs canadiens souhaitent pouvoir acheter des produits contenant de la nicotine plutôt que des cigarettes, il est tout simplement insensé de leur faciliter l'accès à des produits plus nocifs que les outils de sevrage tabagique.
Les détracteurs des sachets de nicotine affirment qu'ils constituent une porte d'entrée vers le tabagisme. Cependant, les preuves contredisent cette affirmation.
L'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques a constaté que les sachets ont un attrait très limité (11-12%) pour les personnes qui n'ont jamais consommé de produits du tabac auparavant, y compris les mineurs.
En revanche, chez les fumeurs ou ceux qui mâchent du tabac, l’intérêt pour les sachets de nicotine augmente à 75%.
Cette statistique ne devrait pas être choquante : la plupart des fumeurs passent des décennies à essayer d'arrêter. Étant donné que les sachets de nicotine offrent une solution de rechange bien moins risquée pour la santé que le tabagisme, il est tout à fait logique que les fumeurs soient très intéressés par ces produits.
Parallèlement, l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques a également constaté que les sachets de nicotine présentent peu de risques et sont tout aussi dangereux que d'autres outils de sevrage tabagique, notamment les patchs, gommes et sprays à la nicotine. Selon cette évaluation, les sachets de nicotine sont 99% moins nocifs que les cigarettes.
Les sachets de nicotine sont moins risqués que le tabagisme, et la grande majorité des personnes intéressées par les sachets de nicotine sont des fumeurs actuels. L'accès à ces produits devrait être facilité, et non compliqué. C'est pourtant exactement l'approche adoptée par le gouvernement Trudeau sous la direction de Holland, ministre de la Santé.
Il y a aussi le risque du marché noir : si les consommateurs sont déterminés à se procurer des sachets de nicotine pour arrêter de fumer, il y a fort à parier que de nombreux Canadiens se tourneront vers le marché noir. La contrebande de tabac est un problème majeur au Canada. Pourquoi encourager les consommateurs à se tourner vers le marché noir pour acheter des produits de sevrage tabagique ? Le marché noir permet une absence totale de réglementation gouvernementale, alors que le gouvernement pourrait adopter une réglementation judicieuse concernant les sachets de nicotine en les considérant comme des outils de sevrage tabagique.
Carney veut faire croire aux Canadiens qu'il est un politicien modéré, fondé sur des données probantes, qui ramène les libéraux au centre de l'échiquier politique. Si c'est le cas, Carney devrait examiner attentivement l'approche du précédent gouvernement libéral concernant les sachets de nicotine et prioriser l'abandon du tabac en facilitant l'accès à ces produits, et non en les rendant plus difficiles.
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