Le Canada s’apprête à se doter d’un nouveau premier ministre à un moment où les enjeux ne pourraient être plus élevés : le pays est au milieu d’un conflit commercial sans précédent avec son plus grand partenaire commercial.
Jusqu'à présent, le gouvernement libéral fédéral n'a pas fait preuve d'un sentiment d'urgence face à la crise. Mark Carney, premier ministre désigné du Canada, a l'occasion de changer les choses en modifiant l'approche fédérale à l'égard des projets énergétiques et en éliminant les barrières commerciales intérieures.
Le président américain Donald Trump parle d'imposer des droits de douane au Canada depuis trois mois. Malheureusement, le premier ministre Justin Trudeau a passé des mois à agir comme si la menace tarifaire n'était pas réelle.
Trudeau n'a commencé à prendre des mesures pour renforcer la sécurité des frontières canadiennes que tardivement, alors que l'heure zéro approchait, dans une tentative désespérée de dernière minute pour répondre aux demandes de Trump.
Pourtant, selon Trump, Trudeau n'a pas pris suffisamment de mesures. Certains tarifs douaniers pénalisent déjà l'économie canadienne, tandis que d'autres entreront en vigueur au début du mois prochain.
Il est évident depuis longtemps que la décision de Trump d'imposer des tarifs douaniers draconiens sur l'économie canadienne ne concerne pas seulement le fentanyl traversant la frontière : moins de un pour cent du fentanyl entrant aux États-Unis passe par la frontière nord.
Son objectif principal est clairement de paralyser l’économie canadienne pour inciter les entreprises à délocaliser leurs emplois et leur activité économique aux États-Unis.
Comment le Canada devrait-il réagir?
Il y a au moins deux domaines clés dans lesquels une action immédiate est nécessaire : libérer l’énergie canadienne et éliminer les barrières commerciales internes du Canada.
Depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux en 2015, $670 milliards des projets d’une valeur de 100 millions de dollars en ressources naturelles ont été annulés ou suspendus par le gouvernement fédéral.
Les autorités fédérales ont bloqué des projets comme Énergie Est, Porte du Nord, et Énergie Saguenay Cela aurait permis d'envoyer des dizaines de milliards de dollars de pétrole et de gaz naturel canadiens vers l'Asie et l'Europe, et aurait permis à l'est du Canada d'être alimenté par l'énergie canadienne plutôt que d'importer du pétrole de dictatures comme l'Arabie saoudite.
Pas moins que 77 pour cent des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis, y compris $150 milliards par an en pétrole, gaz naturel et produits pétroliers. Le Canada doit diversifier ses exportations. Les menaces de Trump concernant les droits de douane auraient dû susciter un sentiment d'urgence, le gouvernement fédéral ayant fait marche arrière et donné son feu vert à certains des 31 projets énergétiques qu'il a bloqués depuis son arrivée au pouvoir en 2015.
Malheureusement, aucune mesure n'a été prise sur le plan énergétique. On dit simplement que les libéraux pourraient devoir revoir leur position sur les pipelines.
Carney est un fervent défenseur du climat. Il a parlé de la nécessité 80 pour cent des ressources naturelles du Canada resteront dans le sol pour lutter contre les changements climatiques.
Mais la situation actuelle exige une approche différente. Libérer l'énergie canadienne est la clé de la diversification de notre économie. Carney devrait modifier l'approche du gouvernement fédéral et approuver les projets énergétiques bloqués depuis dix ans. S'il ne le fait pas, les Canadiens chercheront à élire un nouveau gouvernement qui le fera.
Ensuite, il y a le commerce intérieur. Le Canada a bel et bien un libre-échange intérieur, mais avec une réserve majeure. Il y a plus de 400 carve-outs à l'accord de libre-échange intérieur du Canada. L'impact de ces exceptions est considérable.
En raison des barrières non tarifaires que les provinces imposent aux produits des autres provinces, le Canada a de facto 21 pour cent tarif intérieur lorsque les provinces veulent commercer entre elles, selon le Fonds monétaire international.
Cela signifie qu’il est plus facile de commercer avec quelques dizaines de pays avec lesquels le Canada a conclu des accords de libre-échange que pour les provinces de commercer entre elles.
Des études ont montré que l’élimination des barrières commerciales interprovinciales devrait être une priorité. un coup de pouce plus important pour l’économie nationale que le coût des tarifs douaniers imposés par l’administration Trump au Canada.
La ministre canadienne du Commerce intérieur, Anita Anand, déclare progrès Des efforts ont été déployés pour éliminer les barrières commerciales interprovinciales, mais les résultats seront à l'œuvre.
Carney devrait convoquer immédiatement une réunion des premiers ministres du Canada et exiger que toutes les barrières commerciales intérieures soient supprimées dans les 30 jours.
Le Canada ne peut pas se permettre d’attendre un instant de plus.
Ne vous y trompez pas : le gouvernement Trudeau a pris du retard dès le départ face aux menaces de tarifs douaniers de l'administration Trump. Carney a l'occasion d'adopter une nouvelle approche en modifiant l'approche du gouvernement fédéral sur les projets énergétiques et en plaidant enfin pour un accord global de libre-échange intérieur.
S’il ne parvient pas à y parvenir, ou s’il laisse l’idéologie prendre le dessus, les Canadiens se mettront rapidement en quête d’un nouveau premier ministre qui y parviendra.
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