C'était peut-être la devise du Premier ministre Mark Carney lorsqu'il a dévoilé son nouveau cabinet avant de déclencher des élections qui ont vu ses libéraux revenir au pouvoir.
Bien que le cabinet de Carney ait conservé en grande partie des visages familiers du régime Trudeau, presque tous les ministres ont changé de poste et le cabinet lui-même a été considérablement réduit.
Tout au long de son bref passage au pouvoir, Carney a rompu avec l'ancien premier ministre Justin Trudeau de plusieurs manières importantes, notamment en supprimant la taxe sur le carbone à la consommation et en arrêtant la hausse de l'impôt sur les gains en capital prévue par le gouvernement Trudeau.
En ce qui concerne la concurrence dans le secteur des télécommunications au Canada, Carney a une nouvelle occasion de rompre avec les échecs des années Trudeau.
François-Philippe Champagne, qui a été ministre de l'Innovation pendant les quatre dernières années du régime Trudeau, a été remplacé par Anita Anand, l'une des ministres les plus compétentes du gouvernement.
Champagne a fait obstruction à une concurrence accrue dans le secteur des télécommunications lorsqu'il était ministre des Finances. Anand a l'occasion de renverser la situation et d'offrir aux Canadiens une concurrence accrue dans le secteur des télécommunications.
La triste réalité pour les Canadiens est que dans la plupart des régions du pays, les consommateurs n’ont le choix qu’entre deux principaux fournisseurs d’accès Internet.
Le CRTC, l'organisme de réglementation des communications du Canada, soutient depuis longtemps que les consommateurs bénéficieraient d'une concurrence interrégionale, ce qui encouragerait davantage de grands fournisseurs d'accès Internet régionaux du Canada à pénétrer les marchés d'autres régions du pays.
Cela pourrait contribuer à briser les duopoles régionaux des télécommunications au Canada.
Le CRTC a récemment confirmé une décision importante qu’il avait prise il y a quelques années, qui obligeait les grandes entreprises Internet à partager leurs réseaux de fibre optique avec d’autres entreprises, permettant à leurs concurrents d’accéder à ces réseaux à des prix déterminés par le CRTC.
Si le Canada partageait davantage ses réseaux, la concurrence serait plus vive, ce qui, à son tour, ferait baisser les prix à la consommation.
C'est là qu'intervient le champagne.
Bell s'est opposée à la décision du CRTC, cherchant essentiellement à protéger les duopoles régionaux. Bien que le CRTC n'ait pas cédé aux pressions de Bell visant à bloquer le partage de réseau, aucune décision finale n'a encore été prise à ce sujet.
Il se peut également qu'il y ait eu des pressions de l'industrie auprès du bureau de Champagne pour tenter de bloquer le partage de réseau.
L'un des concurrents de Bell, Telus, a déposé une requête devant le tribunal alléguant qu'Ottawa retient des documents qui pourraient très bien démontrer que le bureau de Champagne a été soumis à des pressions pour se prononcer contre le partage de réseau, malgré la position du CRTC.
Si Anand veut apporter un vent de fraîcheur au ministère de l'Innovation, elle devrait rendre la démarche judiciaire de Telus caduque en ordonnant la publication des documents que Telus recherche.
Le gouvernement Trudeau a laissé derrière lui un triste héritage de manque de transparence envers les Canadiens. De l'affaire SNC-Lavalin aux contrats à fournisseur unique du scandale UNIS, les exemples de manque de transparence sont trop nombreux pour être cités.
Si le gouvernement Carney veut être différent, Anand devrait être franc avec les Canadiens et publier les documents relatifs au lobbying en matière de partage de réseau qui a eu lieu lorsque Champagne était ministre.
Au-delà de la transparence, il est essentiel de favoriser une plus grande concurrence dans le secteur canadien des télécommunications, alors que le Canada est confronté à un conflit commercial persistant avec les États-Unis. On accorde une importance accrue à l'élimination des barrières commerciales interprovinciales d'ici le 1er juillet et à tout ce que le Canada peut faire pour renforcer son économie nationale, compte tenu des tarifs imposés par les États-Unis.
Compte tenu de cette réalité, pourquoi le gouvernement voudrait-il protéger les duopoles et restreindre la concurrence, ce qui réduirait les coûts pour les Canadiens ? Supprimer les barrières commerciales interprovinciales devrait signifier supprimer les obstacles à la libre circulation des biens et des services.
Anand devrait se ranger du côté du CRTC et ignorer les pressions exercées par Bell pour restreindre le choix des consommateurs. Il est temps qu'Ottawa rende un verdict final et autorise le partage de réseaux afin de réduire les coûts pour les consommateurs et de favoriser la concurrence dans le secteur canadien des télécommunications. À tout le moins, il est temps de faire preuve de transparence et Anand devrait divulguer les dossiers que le bureau de Champagne tentait de dissimuler.
Publié à l'origine ici