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Une grande partie de la conversation de Bruxelles sur le principe de précaution est erronée.

D'ici 2030, la stratégie « De la ferme à la table » de l'Union européenne vise à réduire significativement l'utilisation des pesticides. L'UE traite en pourcentage de l'utilisation totale des substances chimiques qu'elle souhaite réduire, que leur évaluation scientifique de la sécurité ait été ou non négative sous quelque forme que ce soit. Cela en fait essentiellement une ambition politique, et non une politique fondée sur des preuves.

Lors de la lecture d'articles, de blogs ou de documents d'orientation liés à l'utilisation de pesticides, nous entendons souvent le mot « danger ». Les produits chimiques ou substances "hautement dangereux" sont au centre des préoccupations de nombreux groupes environnementaux, qui exigent que l'UE nettoie sa loi sur le prétendu "poison" dans nos aliments. Il s'agit d'une incompréhension de la signification scientifique de « danger » et de « risque »

La réglementation fondée sur les risques gère l'exposition aux dangers. Par exemple, le soleil est un danger lorsque l'on va à la plage, mais la lumière du soleil permet la production de vitamine D par l'organisme et une certaine exposition à celle-ci est essentielle à la santé humaine. Comme pour tout le reste, c'est la quantité d'exposition qui compte. Une approche réglementaire de la lumière du soleil basée sur les dangers nous enfermerait tous à l'intérieur et interdirait toutes les excursions à la plage, plutôt que d'avertir les baigneurs de limiter leur exposition en appliquant un écran solaire. Le résultat final serait de nuire, et non de protéger la santé humaine. 

La même logique de réglementation basée sur les dangers est trop souvent appliquée dans la réglementation phytosanitaire, où elle crée des incohérences tout aussi absurdes. Par exemple, si du vin était pulvérisé sur les vignobles en tant que pesticide, il devrait être interdit en vertu de la législation européenne, car l'alcool est un cancérogène connu et assez puissant à des niveaux de consommation élevés. Tout cela est rationalisé par une application incohérente et déformée du principe de précaution. Essentiellement, les partisans d'une réglementation fondée sur les risques approuveraient l'interdiction de toutes les méthodes de protection des cultures dont on ne peut prouver l'innocuité à quelque niveau que ce soit, aussi irréaliste soit-elle - une norme qui, si elle était appliquée de manière cohérente, interdirait chaque aliment biologique, chaque médicament salvateur, et en effet toute substance naturelle et synthétique. 

En ignorant l'importance de l'équation Risque = Danger x Exposition, la réglementation fondée sur le danger ne suit pas une approche scientifiquement solide de l'élaboration des politiques.

En tant qu'expert en gestion des risques David Zaruk écrit sur son blog The Risk-Monger :

« Alors pourquoi y a-t-il des individus à Bruxelles qui pensent que le travail d'un régulateur est d'éliminer tous les dangers, quelle que soit notre capacité à contrôler l'exposition au danger, quels que soient les niveaux d'exposition limités, quels que soient les avantages perdus ? Pour ces lobbyistes (souvent des militants d'ONG de santé environnementale), un danger est considéré comme identique à un risque (quelle que soit l'exposition) et l'objectif réglementaire (pour eux) est de supprimer tous les dangers. Ils soutiennent l'approche connue sous le nom de : Réglementation basée sur les risques.

La réglementation basée sur les dangers implique que la seule façon de gérer les risques est d'éliminer le danger. Si les pesticides synthétiques sont dangereux, retirez-les. Si nous ne pouvons pas être certains qu'un produit chimique n'a aucun effet sur notre système endocrinien (à n'importe quelle dose), alors refusez l'autorisation.

Ce concept de différenciation du danger et du risque dans le langage scientifique et réglementaire est également soutenu par l'EFSA — l'Autorité européenne de sécurité des aliments, qui conseille l'Union européenne sur des questions telles que les approbations chimiques.

Comprendre les dangers et les risques est essentiel pour répondre à toutes les questions liées au principe de précaution. L'intelligence artificielle est susceptible d'être victime d'un niveau de surréglementation similaire à celui des partisans de l'extrême prudence. Au lieu de cela, l'Union européenne devrait choisir la voie de l'innovation. L'élaboration de politiques fondées sur des données probantes consiste à évaluer les risques, mais il s'agit également de gérer les risques dans le but de permettre l'innovation tout en aplanissant les problèmes au fur et à mesure qu'ils apparaissent. 

Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre du retard dans la course mondiale aux technologies innovantes car nous avons trop peur des changements.

Publié à l'origine ici.

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