Peu de sujets liés à la santé mentale suscitent autant d’attention et d’incompréhension que l’essor du vapotage. Les médias grand public ont brossé un sombre tableau de ces appareils comme d’une crise imminente, en particulier pour les jeunes, en qualifiant souvent les produits de vapotage de « dispositifs d’initiation ». Bien que ce discours soit sans aucun doute né d’une réelle préoccupation, il ne reconnaît pas la réalité du rôle du vapotage dans la réduction des méfaits du tabac. Cela risque involontairement de détourner les fumeurs de ce qui peut être une alternative salvatrice. Lorsqu’on examine directement la littérature scientifique sur le vapotage, une histoire complètement différente émerge de celle dont parlent la plupart des commentateurs publics. 

Plusieurs études menées par des sources faisant autorité, comme Public Health England, suggèrent que les cigarettes électroniques sont environ 95 % moins nocives que les cigarettes ordinaires. L’efficacité des cigarettes électroniques comme outil de sevrage tabagique est un autre domaine dans lequel la perception du public est souvent en retard par rapport aux preuves scientifiques. Par exemple, une étude publiée dans le New England Journal of Medicine a révélé que les cigarettes électroniques étaient deux fois plus efficaces pour aider les fumeurs à arrêter de fumer que les thérapies traditionnelles de substitution à la nicotine. Cette conclusion, étayée par des données réelles provenant de pays comme le Royaume-Uni, souligne le fort potentiel du vapotage en tant qu’arme redoutable dans la lutte contre le tabagisme et les maladies liées au tabagisme. Ainsi, les approches politiques qui traitent à tort le vapotage comme équivalent au tabagisme ou, pire, cherchent à l’interdire complètement font plus de mal que de bien.

Autrefois saluée comme une mesure visionnaire, la tentative d’interdiction totale du tabac au Bhoutan a finalement conduit à une forte augmentation du taux de tabagisme et a favorisé un marché noir florissant, ce qui a forcé l’abrogation de cette mesure. De même, l’interdiction temporaire du tabac en Afrique du Sud pendant la pandémie de Covid-19 n’a guère eu d’effet sur le tabagisme, les analyses ayant montré que 93 % des fumeurs sud-africains continuaient à pratiquer cette habitude malgré l’interdiction. De plus, les taux sont revenus à leurs valeurs antérieures une fois la politique abrogée, ne laissant aucune trace d’un quelconque avantage durable. Dans le même temps, l’interdiction a considérablement augmenté le prix des cigarettes de 240 %, un fardeau qui a pesé de manière disproportionnée sur les personnes à faible revenu.

Les conséquences imprévues de politiques trop rigides ne sont donc pas de simples spéculations. L’interdiction des arômes, souvent proposée pour réduire l’attrait des jeunes, est une autre politique bien intentionnée mais contreproductive. Les faits suggèrent que c’est la curiosité, et non les arômes, qui est le principal moteur de l’expérimentation. De plus, les arômes de vapotage jouent un rôle clé pour aider les fumeurs à s’éloigner de la cigarette. Par conséquent, l’élimination de cette option pourrait inciter les anciens fumeurs à revenir à des produits du tabac plus nocifs. Mais le mythe le plus pernicieux entourant le vapotage, qui a capturé l’esprit de nombreux décideurs politiques (ici en Inde y compris), est de loin « l’effet passerelle », qui craint que les jeunes qui commencent à vapoter finissent par fumer des cigarettes à la place.

En réalité, de nombreuses études, comme une revue exhaustive de quinze articles, ne parviennent pas à démontrer un lien de cause à effet entre le vapotage et l’initiation ultérieure au tabagisme. En fait, les preuves sont dans les chiffres de la population. Jusqu’en 2016, l’Inde était le deuxième plus grand consommateur de tabac au monde, après la Chine. Cependant, depuis l’avènement du vapotage, le taux de tabagisme chez les jeunes est au plus bas, avec une baisse substantielle de 6 % du taux de tabagisme chez les adolescents en Inde alors que les taux de vapotage ont augmenté. Loin d’un effet passerelle, ces chiffres indiquent que les cigarettes électroniques sont utilisées comme une alternative plus sûre aux cigarettes. Alors que nous naviguons dans le paysage complexe de la lutte antitabac au XXIe siècle, il est impératif d’adopter une approche globale de réduction des risques, une approche qui reconnaît le potentiel des cigarettes électroniques comme une alternative moins nocive au tabagisme. 

Une telle approche nécessite des politiques nuancées qui équilibrent la protection des jeunes avec les besoins des fumeurs adultes qui cherchent à arrêter de fumer. Les enjeux mesurés en termes de vies sauvées et améliorées sont tout simplement trop importants pour laisser la désinformation guider notre approche de ce qui pourrait être l’une des innovations de santé publique les plus importantes de notre époque.

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