Certaines idées sont suffisamment populaires pour avoir une autre chance. Proposé pour la première fois par le précédent gouvernement travailliste de Nouvelle-Zélande, le Projet de loi sur les négociations équitables en matière d'information numérique a trouvé un nouveau souffle parmi les membres de la nouvelle coalition au pouvoir. Le 2 juillet, le ministre des Médias et des Communications et membre du Parti national Paul Goldsmith a annoncé que le gouvernement avancerait cette loi qui obligerait les plateformes technologiques à rémunérer les sociétés de médias traditionnelles pour le contenu d'actualités numériques. En réponse, le Parti national et la Nouvelle-Zélande ont déclaré leur support public pour la facture. Le seul dissident est le parti ACT, qui a invoqué la disposition « accepter de ne pas être d'accord » dans les règles de la coalition, ce qui signifie que le gouvernement devra rechercher l'approbation des partis d'opposition pour adopter le projet de loi. Cette approbation semble réalisable, les partisans initiaux du Parti travailliste étant désireux de donner leur bénédiction au projet de loi.
Selon ses propres normes, le projet de loi aggravera la situation du paysage médiatique et technologique néo-zélandais.
Il suffit d’examiner des projets de loi similaires en Australie et au Canada pour s’en rendre compte. Comme la loi néo-zélandaise, Code de négociation des médias d'information australiens et le Canada Loi sur les informations en ligne visent à lutter contre ce qu’ils décrivent comme une concurrence déloyale – les plateformes numériques sont censées se nourrir de l’attention des sources traditionnelles, en établissant des liens vers diverses opinions et informations et en générant du trafic en ligne à leur profit sans offrir aucune compensation en retour. Les autorités estiment donc qu’elles doivent forcer les entreprises technologiques à s’asseoir à la table des négociations pour égaliser les chances et donner une chance à l’industrie démodée en difficulté.
Mais le Canada et l’Australie ont atteint exactement le contraire de leur objectif. Les deux gouvernements ont, par inadvertance, créé des coûts pour les plateformes numériques qui incitent ces dernières à cesser de collaborer avec les médias. C'est exactement ce qui s'est passé avec Meta, qui décidé le 2 août 2023, pour interrompre la disponibilité des nouvelles pour tous les utilisateurs canadiens de Facebook et d'Instagram et envisage une possibilité similaire en Australie.
Goldsmith est conscient de tomber dans le même piège. Dans une conversation avec Newstalk ZB, Goldsmith a ouvertement admis que Facebook et Google voudraient également quitter le marché de l'information néo-zélandais en raison du Fair Digital News Bargaining Bill. Pourtant, ses allusions aux amendements et à la menace d’une nouvelle législation comme monnaie d’échange au cours de cette conversation ne sont ni rassurantes ni une solution au problème – les menaces de réglementations supplémentaires ne font qu’ajouter aux coûts, et les changements ponctuels sapent la concurrence en rendant les règles du marché plus strictes. jeu imprévisible pour les joueurs technologiques et multimédias.
Pire encore, de telles réglementations finissent par nuire aux médias locaux qui dépendent le plus des médias sociaux pour leur sensibilisation. Études l'examen des utilisateurs canadiens des médias sociaux a révélé que leurs habitudes de consommation numérique sont restées inchangées – 33% a continué à recevoir ses nouvelles de Facebook et d'Instagram. Ce qui a changé, c'est une baisse spectaculaire de l'engagement de 85% pour les sources régionales. La situation s'est aggravée au point où près de la moitié de tous les médias locaux canadiens ont décidé de cesser complètement de publier sur Facebook.
Un projet de loi identique en Nouvelle-Zélande serait un désastre pour les sources d'information locales. Le secteur physique était déjà soumis à une réduction significative des effectifs, bon nombre des plus grands acteurs choisissant de se concentrer davantage sur le contenu national. Truc fermé The Northern News et le Whangarei Leader (deux journaux communautaires locaux du Northland), tandis que NZME a fermé le Wairoa Star (un journal communautaire de Hawke's Bay en activité depuis 103 ans). Parallèlement, les Néo-Zélandais s'intéressent toujours aux affaires locales, mais 64,4% d'entre eux (2,7 millions) préfèrent obtenir leurs informations en ligne, encore plus que leurs homologues canadiens. Beaucoup de ces sources sont des journaux locaux ou des journalistes indépendants qui comptent sur l’engagement numérique et les abonnements pour rester à flot. Si la loi était un jour adoptée, le trafic en ligne se tarirait complètement et la plupart des médias et journalistes locaux perdraient leurs moyens de subsistance du jour au lendemain.
On ne peut que conclure, comme mes collègues Yaël Ossowski et David Clément ont souligné, sur la base de solide preuve, que les plus grands acteurs médiatiques de l'establishment ont le plus à gagner de cet accord. Ce n’est pas l’équité promise.
La question est alors : pourquoi continuer à promouvoir le droit ? Les décideurs politiques répètent l’erreur séculaire de diaboliser les intermédiaires, une position politiquement populaire à une époque où les grandes technologies deviennent impopulaires. Pourtant, cette décision donne une mauvaise interprétation de la relation entre la technologie et les médias. Les exemples du Canada et de l’Australie montrent comment, loin d’aspirer l’oxygène de la pièce, les plateformes numériques permettent aux prestataires locaux d’atteindre plus de personnes que jamais. En effrayant les plateformes en ligne, le gouvernement néo-zélandais causerait des dommages irréparables aux personnes et aux entreprises que les politiciens prétendent vouloir le plus aider.
S'il souhaite réellement de bonnes nouvelles, le gouvernement néo-zélandais devrait éviter de choisir les gagnants et les perdants économiques et laisser les consommateurs décider. Les mauvaises idées devraient rester mortes.