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Bien que cet accord promet des bénéfices économiques importants pour les deux blocs, il se heurte à des résistances politiques.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s'est récemment rendue en Uruguay pour signer l'accord de libre-échange UE-Mercosur, dont les négociations ont débuté en 1999. L'accord vise à supprimer environ 90% des droits de douane entre les deux blocs (l'UE et les membres du Mercosur, à savoir le Brésil, la Bolivie, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay). La suppression des droits de douane sur les produits agricoles ainsi que sur les produits industriels tels que les pièces détachées automobiles va donner un véritable coup de fouet à l'économie.

Les négociations ont progressé assez lentement jusqu'en 2019, l'Union européenne ayant accéléré le rythme face à la présence croissante de la Chine en Amérique du Sud. Toutefois, l'élection de Jair Bolsonaro au Brésil a mis un terme aux négociations, ce dernier n'étant pas disposé à céder aux exigences de l'UE en matière de réduction de la déforestation. Avec le retour du président Lula au Brésil, les négociations ont des représailles, malgré le scepticisme croissant des pays de l'UE tels que la France et l'Irlande.

L'importance de cet accord ne doit pas être sous-estimée. Non seulement il va supprimer les droits de douane qui varient actuellement entre 10% et 35%, mais il va également renforcer l'entente politique entre les deux blocs. L'Allemagne est pour, car cet accord lui donne accès à un plus grand nombre de producteurs de pièces détachées automobiles, tandis que la France DEVRAIT être pour car ses producteurs de fromage et de vin haut de gamme auront accès à un marché important de 30 millions de personnes.

Cependant, Emmanuel Macron a opéré un virage à 180 degrés par rapport à Bruxelles, pour des raisons politiques. Alors qu'il soutenait initialement l'accord, il est aujourd'hui contrarié que la Commission ait choisi du signataire la semaine même où la France a renoncé au gouvernement Barnier, comme si le reste de l'Europe devait attendre que la France résolve ses querelles politiques.

Sous la pression des protectionnistes d'extrême gauche et d'extrême droite en France, Macron semble avoir l'impression qu'il doit jouer le jeu, sans comprendre que si les électeurs préféraient l'option non commerciale, ils seraient plus susceptibles d' opter pour l'original que pour la fausse copie.

Quelle sera la suite des événements ?

L'accord politique conclu entre la Commission et les pays du Mercosur n'est « qu'une première étape avant un long processus », a déclaré un porte-parole de la Commission. En effet, une fois traduit, l'accord sera présenté au Conseil, dont l'adoption est nécessaire à sa signature. C'est là que se jouera la bataille lors des prochains mois.

La Pologne a déjà exprimé son opposition. Le vote de l'Irlande, des Pays-Bas et de l'Autriche reste incertain.

Mais pour la France, son allié clé sera l'Italie, car la minorité de blocage nécessite quatre Etats membres représentant 35% de la population européenne. Jusqu'à présent, l'Italie s'est montrée favorable à l'accord, à condition qu'il contienne des garanties pour ses agriculteurs. « L'Italie soutient l'accord, prédit un fonctionnaire du Parlement, les équipementiers automobiles de Lombardie dépendent de la puissante industrie automobile allemande dont l'intérêt est d'exporter des voitures vers l'Amérique latine. »

Le rêve de Macron d'entraîner Giorgia Meloni dans son appel malavisé aux agriculteurs pourrait bien lui exploser à la figure.

Si vous voulez mon avis, le dernier aspect positif qu'il reste à Bruxelles est son engagement en faveur du libre-échange. L'Europe n'a plus aucun autre atout pour négocier que son important marché de consommateurs. A l'exception de Spotify, l'Europe ne fait pas partie de la grande course à la technologie, et son rôle se voit diminuer dans le secteur automobile.

Nos produits agricoles sont de grande qualité et nous devrions avoir pour objectif de les exporter dans le monde entier. L'idée de créer des « clauses miroirs », qui signifieraient que le commerce avec l'Europe ne serait possible que si nos partenaires DEVIENNENT l'Europe, est une fantaisie politique.

L'Europe n'est pas en mesure d'abandonner la partie sur le plan commercial. Nous avons besoin d'un commerce plus important et plus simple. L'accord UE-Mercosur est un pas dans la bonne direction, et il est tout à fait inapproprié qu'un président français tente de le saboter en quittant l'arène politique.

Publié à l'origine ici

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